La nouvelle loi Blanquer sur l’éducation déboule avec ses idéologies de néolibéralisme ; gestion et économie en maitres-mots et in fine réduction de tout : moyens, programmes, libertés, égalités, fraternités…

Libertés : Quels femmes et hommes de demain l’école doit-elle former ? Des citoyens cultivant le libre arbitre et l’esprit critique ?

Des décérébrés politiques utiles à l’Etat ? Des producteurs dociles utiles à la consommation ?

L’illusion des choix de parcoursup’ ruisselle sur le Lycée : les élèves doivent faire 5 choix obligatoires, mais seules 3 matières ouvrent la formation supérieure à laquelle ils prétendent. Tous les lycées ne proposeront pas toutes les orientations et si l’on n’a pas ses 3 choix, dès la Seconde, on ne peut plus rectifier le tir et le destin des enfants est fixé. Que sont devenues la liberté d’orientation et la méritocratie républicaine ? Ce que l’on veut de mieux pour nos enfants, laissé au hasard d’un algorithme spécifié par des managers d’universités …

 

Egalités :  L’obligation d’égalité des chances – garante de la démocratie – disparait.  Au-delà des 25% d’élèves en écoles privées payantes, Ce gouvernement contre l’école publique accentue la différence des établissements : certains sont qualifiés de Lycée Internationaux avec dotation confortable, offre étoffée de cursus et – business oblige – des financements par des mécènes autorisés.

Et on enchaine les conséquences :
– des écoles/universités autonomes (mais pas par rapport au fric) qui sont cotées (ou pas) pour les débouchés sur la vie active,
– des lycées prestigieux ou de zones (selon que vous serez puissants ou misérables…) qui déterminent votre place dans la société,
– des régions d’ « arriérés » face à un Paris omnipuissant ; 90% (!) des lauréats aux grands concours d’état (agrégation, magistrature, etc.) proviennent des établissements de la Capitale qui ne représente que 10% de la population française…
– dernière inégalité : un baccalauréat en contrôle continue… On imagine suivant l’école – richement dotée ou pas – les notes et réussites des élèves alors que la République garantissait un même examen anonyme avec les mêmes critères sur le territoire national. Dans ces conditions, un 15/20 à Fermat à Toulouse vaudra plus qu’un 18 dans un lycée de Colomiers …

 

Fraternités :  Tous citoyens naissent libres et égaux en droits… pendant 3 ans. A partir de là, plus d’éducation artistique considérée maintenant comme superflue et non rentable. Superflu ? Pas si sûr. Soit votre milieu social vous autorise à cultiver les arts, soit seul le basique – Ecrire, Compter, Lire et … Obéir ! – vous est enseigné. S’il y a domaine fondamental qui contribue à la paix, aux rapprochements, à l’ouverture d’esprit, à l’imagination et à la création, c’est bien la Culture. Réduire ou faire disparaitre son enseignement dans l’école publique, c’est tout simplement assigner aux plus démunis un déterminisme culturel afin qu’ils reproduisent leurs milieux sociaux. « Classes laborieuses, classes dangereuses » titrait un historien pour qualifier la condition ouvrière au XIXe siècle. Aujourd’hui ce sont « classes Blanquer, classes silencieuses » que veut imposer ce gouvernement. C’est une injustice que tout parent, tout citoyen se doit de combattre.

 

Il fut un rêve républicain que se réalisa : une école laïque, obligatoire et gratuite. En 2019, de laïc, un quart des élèves de France sont en établissements privés ; d’obligatoire, 73 000 élèves sont dans des écoles hors contrat ; et gratuite, chaque jour nos gouvernants et hommes d’affaires inventent des systèmes qui accroissent les inégalités à l’école.

Pour témoigner et donc penser le futur de l’école autrement, ici à Toulouse, mardi 21 Mai et jeudi 23 Mai, deux manifestations pacifistes (sans casse) réunissant parents d’élèves et enseignants en grève ont été reçues par les forces de l’ordre avec arrestations, matraquages et gazages. Les personnes arrêtées ont été relâchées sans suite ce qui signifie qu’il n’y avait pas d’autre motivation que de l’intimidation pour des enseignants qui réclament pacifiquement un débat sur comment l’école doit évoluer et se refusent à voir disparaitre l’égalité des chances, socle fondamental de notre démocratie.

Pensez-y, Parlez-en, à vos collègues, aux enseignants… le Citoyen, c’est vous, défendez maintenant le futur de nos enfants !

« Il faut mettre la société au service de l’école et pas l’école au service de la société » (G. Bachelard)