Le projet de scission d’Atos cache mal sa véritable nature : c’est une opération boursière ! La direction a suivi les conseils de McKinsey en ne se focalisant que sur le crédit que les banques commençaient à ne plus accorder, et en vendant les « bijoux de famille » plutôt que de définir une véritable stratégie.
La direction prétend que cela serait la dernière possibilité du groupe qui, sinon, disparaitrait : la société est en faillite (sic) comptablement avec des résultats négatifs, les trois alertes sur les profits de 2021 et la dépréciation de 2,5 milliards d’actifs en janvier 2022. Atos s’endette chaque jour (sic), il n’y a pas le fond de roulement suffisant pour maintenir la structure (sic). En fait ce discours catastrophiste n’est là que pour cacher une misérable absence de stratégie : la seule orientation tactique de nos dirigeants sera donc de réduire les effectifs !
La stratégie, si tant est que le mot convienne à la gabegie des dernières années, est pilotée par les bailleurs de fond. Le financier a pris le pouvoir et la direction actuelle ne se sent pas comptable des erreurs passées, rejetant toutes alternatives à cette scission mortifère ! L’entreprise est contrainte par les banques et se plie à leurs exigences.
Les comptes négatifs d’une société ne faisant pas sa valeur boursière, la direction générale compte « inventer » un estimé de 5 milliards € en créant Evidian et sa mise capitalistique sur le marché au deuxième semestre 2023. Ou comment rejouer le coup qu’Atos avait fait avec Worldline en d’autres temps.
Mais cela suppose de nombreuses conditions : que les actionnaires approuvent le plan de scission, qu’il ne survienne pas d’évènements exogènes type crise boursière ou évènements géopolitiques, que l’introduction en bourse d’Evidian se déroule dans un contexte favorable et que le procès Syntel ne soit pas une catastrophe. Il faudra aussi que les marges soient réelles vis-à-vis du business plan jusqu’à 2026, que les emprunts bancaires soient remboursés à échéance, que la scission arrive à maintenir les carnets de commandes et les clients, et que ceux avec qui les contrats sont à perte acceptent la renégociation ou la résiliation. Alors seulement le projet de scission pourra être la bouée de sauvetage de ce que fut Atos, avec la création ex nihilo d’une valorisation d’Evidian dont Tech Foundation posséderait 30%, vendus ensuite afin de continuer à financer son périmètre.
Les dirigeants n’ont pas présenté d’offre produit dans le projet, il n’y a pas de proposition de valeur ni de véritable étude du marché et de sa solvabilité. Le groupe dans sa totalité n’annonce un carnet de commandes pour 2023 qu’à 71% des résultats du troisième trimestre 2022…Il serait peut-être plus franc de dire qu’il s’agit d’une opération visant à une vente par appartements !
Les risques et les aléas économique sont énormes, les conditions sont draconiennes !
Au-delà de cette scission capitalistique, le sujet pour la CGT reste unique : la préservation de l’emploi et la progression des droits sociaux. La direction déclame qu’il n’y aura pas de plan social, parle de « réductions d’effectifs » et d’attrition. Si cette dernière est suffisante pourquoi alors y a t’il un budget pour la restructuration ? La réalité c’est la diminution d’un salarié sur six sur le périmètre Tech Foundation en France dans les trois prochaines années, l’automation pour y parvenir et faire décroitre à la fois les effectifs et la masse salariale. Le rêve de la société sans salariés de M.Breton est sur le point d’advenir !
Enfin l’offshorisation et le lean à outrance pour espérer des gains de couts hypothétiques, avec la certitude d’impacts négatifs profonds sur les conditions de travail et la santé des salariés.
Atos dans son rebelotage juridique des sociétés du groupe, dénonce les accords d’entreprise, pour mieux les harmoniser prétend-elle. Au regard de la situation économique, quels engagements prend la direction pour maintenir les conquêtes sociales pour lesquelles nous nous sommes battus depuis des années ?
Le meilleur pour la fin : les trois dirigeants actuels d’Atos se sont vu promettre une prime de 600k€ s’ils tiennent les délais de mise en œuvre du projet, comparez avec le niveau de nos augmentations !
Nous nous battons pour le maintien des effectifs, contre des cessions toujours menaçantes, contre la réduction des droits sociaux, et au final, pour la sauvegarde impérative des emplois.