Un plan de réorganisation – un de plus !! – une annonce de scission d’Atos en deux sociétés, des
rumeurs persistantes de ventes d’activités, un PDG en désaccord avec son conseil d’administration et démissionnaire six mois à peine après son arrivée, la crainte d’une épidémie de ruptures
conventionnelles… voilà qui n’incite pas à la sérénité ! Les représentants de la direction, qui ne savent pas quoi dire, marchent sur des œufs et refusent de dialoguer. Des élus, indignés de ce refus, mais surjouant tout de même beaucoup l’indignation, claquent la porte. Résultat : fin prématurée du CSE de juin, rendez-vous le mois prochain !


Quoi qu’en disent les médias « bien informés », jamais à cours d’une caricature, la CGT n’est pas
favorable à la politique de la « chaise vide ». Surtout pour un tel projet, qui pourrait durer plus d’une année. Mais quand tous les interlocuteurs tournent les talons, c’est difficile de dialoguer

Comme dit ma DRH préférée, « on est tous dans le même bateau, on va tous dans le même sens ». N’oublions pas qu’on ne voyage néanmoins pas tous en classe affaires. Mais si la situation est aussi grave que le dit la presse financière qui sait toujours de quoi elle parle, (ah bon ?), on pourrait s’attendre tout de même à quelques efforts réciproques en vue d’un dialogue constructif. Et pourtant c’est (encore) raté ! Pourquoi ? Bougez pas, on vous explique.

Inversion de la hiérarchie des emmerdes au Royaume du Grand Consultant

D’abord, côté direction, n’allez pas croire que ses représentants en CSE fassent ou disent ce qu’ils veulent. Non, non, non : ils prennent leurs consignes auprès de la direction générale du groupe, qui prend ses consignes auprès des incontournables consultants, McKinsey et autres, qui prennent leurs consignes auprès de… personne ! Normal, ceux-là ils ont la science infuse, même qu’on se demande ce qu’on deviendrait sans eux ! Mais c’est un autre sujet, revenons à notre réorganisation.

Du coup, dans le camp de la direction privée de consignes et d’éléments de langage, on reste coi. D’autant plus que ce n’est pas une réorganisation comme tant autres avant elle : d’habitude la direction découpe activités et équipes au gré de ses lubies et de ses actionnaires, les salariés baissent la tête et guettent le coup de scalpel. Mais cette fois-ci, la direction va elle aussi se faire saucissonner : qui va à droite chez SpinCo, qui va à gauche chez TFCo, qui reste, qui part ? Même si on ne se fait pas trop de souci pour eux, car chaque « boss » retrouve  en général une branche pour se poser ici ou ailleurs dans le grand organigramme, on comprend leurs inquiétudes toutes nouvelles : après l’inversion de la hiérarchie des normes dans le code du travail, c’est un peu l’inversion de la hiérarchie des emmerdes dans le management.

Bref, pour la direction d’Atos, parler aux élus est le dernier de ses soucis. Elle a fait le service minimum en CSE Central et en Comité de Groupe. Les CSE d’établissements attendront, d’autant plus qu’ils ont des questions précises auxquelles la direction ne peut – ou ne veut –  pas répondre pour le moment.

Retenez-moi ou je fais un malheur !

Du côté des élus, vous comprendrez que ce refus de dialogue ait du mal à passer. Le management local, entité par entité, organise des réunions d’informations à l’intention des salariés. Il serait normal que l’instance CSE qui les représente ait droit à la même considération. De là à claquer la porte de la plénière CSE du mois, comme l’ont fait certaines organisations syndicales, sur le ton « retenez-moi ou je fais un malheur », il nous semble que c’est surjouer l’indignation à bon compte et pour pas cher. On verra si les mêmes seront au rendez-vous lorsqu’il s’agira de monter concrètement au créneau (ou aux barricades, si vous préférez l’expression…) pour défendre les intérêts de salariés.

La CGT, contrairement à l’image caricaturale qu’on lui fait souvent à tort, préfère rester autour de la table et presse la direction d’aborder au plus vite et sans dissimulation les conséquences sociales de la réorganisation. Les salariés ont besoin d’y voir clair