En Comité Social et Economique Central, la direction est venue, en grande délégation, essayer de nous convaincre du bien-fondé de la décision prise par le conseil d’administration : vendre la moitié d’Atos au fonds d’investissement tchèque EPEI détenu par Daniel Kretinsky. Devant les mines affligées de nos interlocuteurs, le ton et le fond de leurs discours, pas sûr que les préposés au SAV de cette nouvelle stratégie, plus ineptes que jamais, n’y croient eux-mêmes !
Pour rappel, l’acheteur potentiel est déjà implanté en France avec les groupes Casino et Fnac, dans la presse avec Le Monde, Libération, Elle, Marianne et Télé 7 jours, après avoir fait fortune en rachetant des centrales à charbon, dont certaines dans l’hexagone. Sans avoir tenu sa promesse d’investir dans des énergies décarbonées…
Quel rapport avec les métiers d’Atos ? Aucun ! On cherche encore les raisons obscures de l’investissement, peut-être le prix dérisoire de l’achat : Tech Foundations serait cédé pour 100 M€, avec 1,9Mds d’engagements financiers portés au passif du bilan (provisions pour les retraites anglaises et allemandes essentiellement). Cela laisse toute la charge de la dette abyssale d’Atos (plus de 5Mds €) à Eviden, ruinant ses chances de développement et de réussites, déjà bien compromises par les résultats annoncés au premier trimestre 2023 !
A moins que l’acheteur ne vise surtout une place au conseil d’administration d’Eviden dont il s’est engagé à acquérir 7,5% du capital, mettant ainsi le pied dans le marché souverain français de productions informatiques destinées aux services publics et à l’armée. Et au passage aussi chez le dernier producteur européen de supercalculateurs…
La direction nous assène « ses » vérités sur cette cession, toutes plus discutables les unes que les autres. Ce serait la finalisation de la scission séparant d’un côté les activités « historiques » du groupe, jugées peu rentables (les salariés de TS dégageant une marge supérieure à 15% apprécieront !), et de l’autre des activités dites prometteuses BDS, HPC et Digital. Ce qui sous-entend que la scission aurait été faite dans le but de vendre ensuite le groupe à la découpe, ce que la direction a toujours nié, la main sur le cœur !
Et que les élus CGT ont toujours craint et dénoncé.
Que dire de la « création de valeur » prévue par l’entrée en bourse d’Eviden, censée permettre la restructuration de Tech Foundations et les investissements dans la nouvelle « pépite » ? Impossible désormais puisque sa société mère (Atos SE qui va devenir Eviden SE) est déjà cotée ! Mensonges, tromperies, dissimulations, langue de bois comme à l’accoutumée.
Et comment croire au « plan de redressement » de Tech Foundations qui utilise les mêmes diagnostics et solutions éculées que l’équipe dirigeante, toujours au pouvoir, nous rabâche depuis des années ? Cela tient plus de la méthode Coué que de la stratégie réfléchie et appliquée !
Les représentants du personnel, et donc les salariés, sont pris pour des imbéciles depuis des années.
Des exemples ? Le projet Spring vanté par des dirigeants malheureusement toujours en poste aujourd’hui et qui le rendent maintenant responsable « d’un immense gâchis organisationnel et financier » !
Exactement ce que vos élus avaient prédit à l’époque, mais pourquoi écouter des gens qui représentent les salariés et le terrain ?
Autre exemple : la vente de Worldline, l’entité la plus rentable du groupe Atos, pour compenser le coût abyssal de l’achat de Syntel (3Mds), un gaspillage à la hauteur de la mégalomanie du PDG de l’époque, Thierry Breton.
Certains dirigeants, notoirement incompétents,
sabordent Atos, d’autres relaient leur discours sans le moindre courage pour s’y opposer !
Les salariés payaient déjà la note avec le gel de leur salaire, aujourd’hui leur emploi est menacé !