Les annonces relatives à la réorganisation révèlent un constat : c’est la fin d’Atos, en tous cas de l’entreprise fantasmée par Thierry Breton décrite comme un groupe leader mondial, d’une chaine de production IT allant des supercalculateurs & produits jusqu’à l’intégration / infogérance / conseil… La poudre aux yeux finit toujours par se dissiper, le journal Le Monde titre le 14/06/2022 : « Le démantèlement-choc d’Atos ».
En fait que l’on s’appelle maintenant Atos-TfCo (Tech Foundation), ou Evidian-SpinCo, ou autrement, nous sommes des entités découpées autonomes, prêtes à être vendues à court ou moyen terme. Simplement ce n’est pas le moment, les mariées ne sont pas assez belles au niveau boursier et financier. Atos croit encore à un ripolinage possible via la com !
Que Mac Kinsey soit conseil de nouveau sur cette réorganisation ne rassure pas, quand va-t-on cesser de jeter l’argent par les fenêtres en rémunération de ces cabinets pour des conseils catastrophiques et onéreux, style Spring ???
En Comité Social et Economique Central, le Directeur RBU Europe du Sud explique la réorganisation structurelle annoncée le 14 juin par le directeur général :
Le nouveau plan stratégique d’organisation d’Atos a une vision jusqu’à 2026. On a un double problème : on doit investir dans la croissance des activités digitales et d’autre part dans le renouveau des activités infra. Compte-tenu des indicateurs Atos, on ne pouvait pas rester dans l’état, et la direction a étudié des scénarios de cessions d’actifs pour obtenir des fonds propres mais il n’y a pas eu d’investisseurs
Vu la gestion calamiteuse de ces dernières années, ce n’est pas vraiment une surprise !
Atos a besoin de grands investissements et s’est tourné vers des établissements financiers qui ont été convaincus par la création de deux grandes sociétés : Evidian, activités digital, cloud, cyber, avec une prévision de croissance de 9%, et Tech Foundations qui gardera le nom Atos , Infogérance et autres, avec une croissance prévue de 2 %
Rien de neuf sous le soleil, séparer l’entreprise en deux entités ne va pas résoudre ses problèmes comme par magie, on prépare la revente à la découpe !
Au-delà des périmètres, les 2 sociétés ont des objectifs différents :
avec Atos Tech Foundation nous possédons une centaine de data centers, ce sont des coûts relativement élevés et donc nous devons les restructurer.
Comme avec le projet Aral, en externalisant ou licenciant les salariés qui ont œuvrés à la profitabilité d’Atos pendant des décennies ?
avec Evidian et les activités digitales c’est l’intégration de Syntel qui doit être accélérée
L’achat de Syntel a couté beaucoup trop cher (au point de devoir vendre la pépite Worldline) et depuis qu’il est dans le giron d’Atos, sa marge est passée de 34 à 18%, continuons on est sur la bonne voie !
On a aussi des problématiques transverses : sur le recrutement avec une guerre des talents sur toutes les activités. Et également un problème de notre pyramide des âges vieillissante
Depuis le temps que les salariés et leurs élus réclament une juste reconnaissance de leur travail, de leur investissement, moins de procédures et de reporting, il fallait les écouter. Avec une meilleure image, Atos pourrait recruter aujourd’hui !
La question première est comment rassure-t-on les clients et les salariés ? Cela va être un projet de restructuration long de 12 à 18 mois. On a donc évalué les comptes – 1400 contrats passés en revue pour partage entre Digital ou Tech Foundation, – afin de communiquer aux clients leurs sociétés de rattachement. Idem pour les salariés, on aura rapidement capacité à communiquer sur leur affectation
Une énième réorganisation fumeuse et hors sol va à coup sur faire fuir encore un peu plus les clients et les salariés.
La direction dotera Tech Foundation de 1 milliard € afin de relancer une dynamique positive. Voilà pourquoi ce plan répond aux nouvelles ambitions d’Atos pour la restructuration du groupe. La direction n’a pas trouvé d’autres alternatives pour soutenir l’ambition de notre restructuration
Et oui, on prend les mêmes et on recommence, diriger une entreprise demande certaines qualités qu’apparemment le conseil d’administration et les dirigeants n’ont pas. Pour preuve le message désastreux en terme d’image, du départ du directeur général six mois après son arrivée. Pas d’inquiétude pour lui, il va toucher son parachute doré équivalent à plus de dix ans du salaire moyen d’Atos.
Pourquoi le nom d’Evidian ? Evidian est une marque neutre, qui a déjà toute la structure nécessaire pour la future société : marque déposée (cela prend du temps de le faire mondialement), communication… Afin d’aller plus vite, la direction a opté pour ce nom d’une des 2 sociétés
Pour faire oublier les décisions aberrantes et ubuesques prises au sein d’Atos depuis des années, on fait disparaitre le moribond. CQFD : on continue dans la logique mortifère à l’œuvre au sein d’une société qui avait pourtant tout pour réussir.
ça promet des combats pour la défense de l’emploi qui reste la première priorité pour la CGT !