Acte 1 : Vue et Vie du Groupe Atos

Acte 1, Scène 1 : Une année 2019 fabuleuse, une année 2020 faste

04/02/2020 : Atos vend 23,9 millions d’actions Worldline et touche le jackpot, l’action a doublé en 2,5 ans (Capital.fr). Ce gain net a été de 2 996 millions d’euros, net des coûts de distribution (après impôts).
27/03/2020 : Atos rachète 215000 de ses actions, processus connu d’augmentation artificielle des dividendes.
22/04/2020 : Atos abaisse ses objectifs 2020 pour tenir compte du Covid-19, supprime son dividende (Les Echos).
29/04/2020 : Atos plus forte hausse du CAC40.
09/04/2020 : Achat par Atos de la société Miner & Kasch, cabinet de conseil en intelligence artificielle, Etats-Unis.
23/06/2020 : Atos distingué par Gartner dans les services de sécurité.
24/06/2020 : Atos vise une croissance du chiffre d’affaires de 5 à 7% à moyen terme (Les Echos).
12/06/2020 : Achat des sociétés Alia Consulting France et Paladion, fournisseur de services de sécurité, États-Unis.
15/06/2020 : Atos plus forte hausse du CAC40.
26/06/2020 : Elie Girard DG Atos : « Aujourd’hui, Atos s’engage sur la croissance » (Les Echos)
Notre activité a été très résiliente pendant la crise, puisque les deux tiers de nos contrats sont pluriannuels, en moyenne d’une durée de cinq à sept ans. A cela s’ajoutent les activités critiques, dont nos clients ne peuvent se passer. Au total, les trois quarts de notre activité ont pu affronter la récession sans encombre.
En six ans, Atos est passé d’un CA d’un peu plus de 7 milliards € à 12 milliards, dont 3 milliards aux Etats-Unis.
Nous souhaitons réaliser des acquisitions de petite et moyenne taille, entièrement autofinancées, grâce à la trésorerie disponible après distribution de dividendes.
Nous visons un taux de marge opérationnelle de 11 % à 12 % à moyen terme. Notre priorité est la croissance.
02/07/2020 : Atos confirme sa place de leader du Magic Quadrant de Gartner (atos.net).
13/07/2020 : Atos distingué et reconnu leader des services de gestion de l’environnement de travail par Nelson-Hall.
15/07/2020 : Achat par Atos des sociétés Digital.Security société de cybersécurité en France et Benelux.
16/07/2020 : Achat d’Ecoact, société française de conseil en stratégie de réduction des émissions de carbone.
27/07/2020 : Atos : résultat opérationnel au premier semestre 362 M€ vs 288 M€ il y a un an (atos.net).
27/07/2020 : Atos : confirme ses objectifs 2020 après une baisse de 2,8% du chiffre d’affaires au premier semestre.
27/07/2020 : Atos : le secteur public limite la baisse des ventes au 1er semestre (Bilan.ch).
Le groupe informatique français Atos a vu ses ventes s’effriter de 2,8% au premier semestre, limitant la casse liée au coronavirus grâce au secteur public et à la défense, mais a quasiment doublé son bénéfice net.
28/07/2020 : Ce qu’ambitionne Atos à travers ses deux nouvelles acquisitions. (l’Usine nouvelle)
Atos accuse au premier semestre un repli modéré de 2,8% de son chiffre d’affaires en données organiques et annonce maintenir ses objectifs financiers 2020 (5% à 7% de croissance du CA à taux de changes constants par an).
Atos emploie plus de 110 000 personnes dans 73 pays pour un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros en 2019. Le groupe, qui a confirmé ses objectifs pour 2020, a dit par ailleurs maintenir sa politique de distribution de dividendes entre 25 % et 30 % du résultat net part du groupe.
16/09/2020 : Atos : obtient la note RSE (responsabilité sociale et environnementale) triple A par l’agence MSCI (Morgan Stanley Capital) pour la 4ie année consécutive (atos.net).
26/08/2020 : Atos : CAC40 : accélération haussière pour Atos dans un vide intersidéral (Bourse.com).
15/09/2020 : Atos : Edouard Philippe est proposé pour rejoindre le conseil d’administration (Les Echos).
07/10/2020 : Atos : lauréat des Grand Prix du Business et de la Gouvernance Responsables 2020 (atos.net).
08/10/2020 : Atos : obtient le statut ‘Platinum’ d’EcoVadis pour l’excellence de ses performances RSE (atos.net).
22/10/2020 : Atos entre en négociation exclusive pour le rachat de 3 sociétés : Eagle creek, Edifixio, Sec consult.

Acte 1, Scène 2 : Atos & la résilience ou la Covid quasi indolore…
Un tableau économique résilient lié à l’activité Atos qui permet de survoler la crise Covid :
30/06/2020 : Les employés ont pleinement adopté le travail à domicile dans l’ensemble du Groupe, celui-ci passant d’environ 30% en temps normal à 96% en quelques jours seulement dans le monde entier, y compris un recours massif au travail à domicile en Inde en moins de 24 heures. (Document d’Enregistrement Universel (URD), juil. 2020).
En France, en une semaine, 92% de l’activité bascule en télétravail sans impact clients.

Des finances embellies grâce à la Covid :
Atos a également indiqué avoir engrangé pour 2,9 milliards d’euros de commandes au premier trimestre 2020, ce qui fait ressortir un ratio prise de commandes sur chiffre d’affaires de 103%, contre 86% sur la même période de l’année précédente. Le carnet de commandes s’élevait à 22,1 milliards d’euros à fin mars.
(A fin Aout, le ratio prise de commande sur CA est de 163% !)
Atos a par ailleurs lancé un programme d’économies de 400 millions d’euros sur 2020 pour faire face à la crise, qui inclut notamment un gel des recrutements et le remplacement de sous-traitants par des ressources internes devenues disponibles. (Zonebourse.com).

Des enrichissements imprévus mais bienvenus :
Le 27/03/2020, le groupe Atos annonce avoir procédé au rachat de 215.000 de ses propres actions entre le 23 et le 24 mars. Ce rachat a été effectué pour un prix pondéré moyen de 49,90 à 55,45 euros.
Le 30/03/2020, Le ministre français de l’Economie Bruno Lemaire a appelé une nouvelle fois les entreprises qui feront appel au soutien financier de l’Etat à faire preuve d’exemplarité en s’abstenant de procéder à des rachats d’actions :
Nous ne tolérerons pas non plus que les entreprises fassent des rachats d’actions et versent des dividendes à leurs actionnaires. C’est une façon d’augmenter les dividendes de manière artificielle. Les rachats d’actions ne seront pas compatibles avec le bénéfice du soutien de la trésorerie de l’Etat
Le 24/06/2020 : le groupe Atos annonce le rachat de ses propres actions dans la limite de 445.000 actions tel que fixé dans la 22ème résolution votée par l’Assemblée Générale Annuelle du 16 juin 2020. (Lesechos.fr/).

Et aussi une demande auprès des services de l’Etat pour bénéficier du chômage partiel exceptionnel de secours
Le 14/04/2020, dans un article du Financial Times largement repris par la presse française Muriel Pénicaud, ministre du Travail déclare que les grandes entreprises ne devraient pas recourir au dispositif de chômage partiel. « C’est une question de responsabilité, de sens civique, dans l’intérêt général », et ajoute que « le dispositif est surtout conçu pour les petites et moyennes entreprises ».
Des entreprises du CAC 40 répondent à l’appel par solidarité nationale : Chanel, Hermès, l’Oréal, Axa, Orange, Société générale, Total…mais pas la société Atos qui a le cynisme de réclamer des dédommagements à l’heure… sur des projets au forfait ou des ratios arbitraires de 20% sans baisse de charge pour les salariés impactés … pour un total de 1520 salariés en Equivalent Temps Plein.
En raccourci certes rapide mais pertinent : Les contribuables français aide Atos à racheter 6 sociétés pendant la période de la Covid…

Et encore, un trésor de guerre cumulé avec la décision exceptionnelle du Conseil d’administration du 21/04/2020 de ne pas proposer la distribution de dividende de 1,40 euro par action à l’Assemblée Générale Annuelle soit un
Bonus de 153 millions € remontés à la trésorerie du groupe.

Acte 1, Scène 3 : Les révélations obligées à l’Autorité des Marchés Financiers…
Atos en tant qu’Entreprise du CAC40 a de fortes obligations d’informations auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Parmi celles-ci, le Document d’Enregistrement Universel (URD) est exigé avec son amendement de mise à jour semestriel dans le dernier date du 30/06/2020. Que révèle cette communication ? :
– Cette crise a permis à Atos de démontrer sa résilience provenant de ses contrats pluriannuels qui génèrent deux tiers du chiffre d’affaires du Groupe, […] la plupart des services et produits d’Atos sont considérés comme indispensables par ses clients, y compris et parfois même davantage en temps de crise. Au total, environ 75% du chiffre d’affaires du Groupe est constitué de services critiques.
– La composition de sa base de clientèle apporte également de la résilience, Atos travaillant principalement avec de grandes entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1 milliard d’euros ou avec le secteur public ou des organismes parapublics. Ensemble, ils représentent 90% du chiffre d’affaires.
– En outre, le Groupe est sous-exposé aux secteurs les plus touchés actuellement, et plutôt surexposé aux secteurs les plus résistants. Par exemple, l’exposition au secteur des voyages et des loisirs ne représente qu’environ 2% du chiffre d’affaires.

Les Objectifs 2020 mis à jour avec la crise Covid :
– Evolution organique du chiffre d’affaires : entre -2% et -4% (par rapport à environ +2% pré Covid-19) ;
– Taux de marge opérationnelle : de 9% à 9,5% du chiffre d’affaires (par rapport à 10,3% publié pré Covid-19) ;
– Flux de trésorerie disponible : 0,5 à 0,6 milliard d’euros (par rapport à environ 0,7 milliard d’euros pré Covid-19).
– Dans le contexte actuel où les employés de toutes les organisations sont contraints de travailler à domicile, le Groupe constate une demande supplémentaire pour les offres de Digital Workplace, d’outils de communication d’entreprise et, bien entendu, de sécurité. Cela devrait conduire à un impact positif sur le chiffre d’affaires d’environ +100 millions d’euros. Enfin, le groupe a également identifié des besoins supplémentaires dans le secteur public tels que les supercalculateurs. Nous avons estimé cet effet à environ +50 millions d’euros

Sur l’impact social :
– En ce qui concerne les employés d’Atos, le Groupe a gelé les embauches, a pris des mesures concernant les bonus et les augmentations de salaire, a demandé aux employés de prendre des congés lorsque cela ne remettait pas en cause l’activité, et si nécessaire, a mis en place des horaires de travail réduits.
– Le personnel interne a été réaffecté afin de répondre aux besoins en forte hausse, tels que la réalisation de missions critiques. Le Groupe estime que l’effet du gel des embauches ainsi que la mise en place, si nécessaire, du travail à temps partiel et de congés dans plusieurs pays générera environ +80 millions d’euros d’économies.
– En outre, le gel des salaires et la réduction des rémunérations variables permettront de réaliser des économies d’environ +90 millions d’euros.
– Aussi, l’arrêt des déplacements professionnels devrait permettre d’économiser environ +40 millions d’euros cette année, alors que d’autres actions menées sur les coûts permettront d’économiser +20 millions d’euros.
– Ainsi, toutes les actions identifiées et lancées permettront d’atténuer la baisse du chiffre d’affaires à hauteur de +400 millions d’euros, conduisant à un objectif de marge opérationnelle post Covid-19 entre 9% et 9,5%.
– La charge d’impôt pour le premier semestre 2020 s’est élevée à 34 millions d’euros pour un résultat avant impôt de 361 millions d’euros. Le Taux Effectif d’Impôt (TEI) annualisé projeté était de 18,5%
(NDLR : au-delà de 500 K€ de bénéfice, l’impôt des sociétés en France est de 33%…).

Et enfin les états de la rémunération :
– Dans le cadre de l’autorisation consentie par l’Assemblée Générale Annuelle du 16 juin 2020 le Conseil d‘administration Atos a décidé de procéder à l’attribution de 870 630 actions de performance, au profit des premières lignes managériales, collaborateurs clés et experts d’Atos.
– Dans le groupe, le ratio entre le salaire le plus élevé et le salaire moyen % de l’effectif est réparti comme suit :
Ecart de salaire X < 10 : 49%, écart entre 10<X<20 : 46%, écart > 20 : 5%
En 2019 : la rémunération du président est 290 000 €, la rémunération moyenne des salariés est de 149 913 €, (!)
le ratio sur rémunération moyenne est de 20,4.


Acte 2 : Vue et Vie de la direction Atos France

Acte 2, Scène 1 : Une année prétendue néfaste
Depuis mars 2020, les Comités sociaux et économiques se succèdent avec la même litanie de la part de la direction Atos France :
26/03/2020 : immédiatement après la parution du décret sur le chômage partiel, Atos convoque un CSEC (comité social et économique central) de l’UES France avec présentation d’une démarche d’information/consultation sur la mise en place du dispositif. Un code OTP est mis en place pour comptabiliser les « grandes pertes » à venir
Dans les semaines qui suivent, certains salariés recevront des consignes pour imputer une partie de leur temps en inactivité « Covid-19 », souvent de façon arbitraire et sans justification.
De plus, la direction demande aussi aux salariés en télétravail de soulager la « solidarité nationale » en posant des jours de RTT/jours de repos.
08/04/2020 : la direction précise l’impact de la crise sanitaire sur l’activité Atos France avec le bilan pour mars 2020 : 984 personnes seraient concernées pour 4798 jours de travail. Le top 20 des clients concernés est affiché : A noter que 11 clients sur 20 sont des ministères publics ou organismes parapublics. Ce que ne dit pas la direction : les projets sont suspendus, pas arrêtés, il n’y a donc pas de perte de chiffre d’affaires.
27/04/2020 : La direction demande l’avis du CSEC sur le projet de mise en place du chômage partiel résultant de la crise sanitaire liée au covid-19 au sein du groupe Atos en France. Le contenu : moyennant des jours de congés imposés, Atos maintient le salaire à 100%. L’avis du CSEC est positif avec 16 voix contre 11. Au chœur alarmiste de la direction s’ajoutent certains syndicats qui prédisent dans leurs tracts 1400 salariés touchés par du chômage partiel (de fait, cela ne dépassera jamais 800 au plus haut). De cet avis va découler un accord de mesures sanitaires dont la direction va profiter pour appuyer sa demande d’aide auprès de l’Etat. Ce qui n’est pas dit par la direction et les syndicats signataires ; nos conventions collectives Syntec et Métallurgie garantissent pour la grande majorité des niveaux de salaires, le maintien à 100% en cas de chômage partiel. Des syndicats ont cédé pour rien.
30/04/2020 : les chiffres présentés de chômage partiel sont au périmètre RBU, au périmètre France+Maroc, une surestimation donc de l’impact sur le périmètre France qui embarque le centre near-shore marocain !
14/05/2020 : la direction se met dans l’illégalité en appliquant un taux de chômage partiel de 20% aux fonctions supports et commerciales. Le chômage partiel ne peut être estimé qu’individuellement, pas collectivement
11/06/2020 : Diffusé pour le CSEC, le support : Point économique-suivi d’activité affiche que l‘état d’intermission (sans activité, qu’elle soit liée au Covid ou pas) des salariés concerne 600 salariés (soit 5,2 % de l’effectif total France). Cela signifie qu’en 2 mois, Atos France est revenu à un niveau bas d’intercontrat. Dans les 5 dernières années, la société a déjà eu des taux à 12% d’intercontrat pendant plusieurs mois sans que cela obère ses capacités.
06/10/2020 : Au comité groupe : les propos très cyniques des dirigeants Atos sont :
– En effet un carnet de commandes élevé par rapport aux prévisions (163%) mais avec une majorité d’affaires récurrentes, donc des clients plus exigeants et donc un travail à fournir encore plus grand pour les salariés !
– Aucune prime de travail prévu car il faut réserver des fonds pour les actionnaires qui ont pris des « risques » d’investir dans Atos, autrement dit : l’effort des salariés n’a pas à être récompensé sinon que par un salaire…

Acte 2, Scène 2 : Entre tartufferie et duperie

La direction générale Atos par la voix de son directeur RH France a une position bien définie sur la mise en place de l’activité partielle, position formalisée dans les minutes des CSEC : toute demande de chômage partiel doit être motivée et argumentée.
Cependant le cadre légal d’application a été interprété par les managers des sites comme une possibilité d’imputer à la journée, à la demi-journée, à l’heure tout trouble dû aux mesures sanitaires SANS tenir compte des réalités des charges de travail.
Les messages de la RH France amalgame – tout en s’en défendant – salariés en inter-contrats et salariés en chômage partiel demandant à ces derniers de réaliser des formations pour l‘entreprise sans recueillir l’accord écrit du salarié.
Il y a manifestement supercherie voire falsification dans le mode opératoire de mise en place du chômage partiel chez Atos France car l’application d’un ratio de chômage partiel restitue un chiffre théorique décorrélé des contraintes de production.

Aussi, Les managers sur les sites Atos ont des pressions antagonistes. D’un côté les engagements clients à respecter, de l’autre l’application des mesures sanitaires impliquant une nouvelle organisation du travail. Cependant leurs objectifs financiers assignés ne changent pas – le DG Atos a confirmé que les objectifs 2020 étaient maintenus ce qui prouve que la crise Covid n’impacte pas ou à la marge les résultats d’Atos. Et les intéressements sont alignés sur les objectifs. En l’espèce et en toute logique, l’aide de l’Etat devient la variable d’ajustement pour maintenir voire faire progresser les marges de leurs entités.
Comme il n’est pas indiqué de cadres précis de critères de déclenchement des demandes d’aides, il leur est alors aisé – comme le prouvent les témoignages de nombreux salariés qui ont signalé des abus – d’appliquer un pourcentage arbitraire de chômage partiel SANS diminuer pour autant la charge de travail des salariés.

La direction Atos communique aux représentants du personnel, des résultats partiels donc partiaux. Les revenus sont minorés et les coûts surexposés, typiquement les plus-values – entre autres – d’aide au chômage partiel ne sont pas présentées dans les bilans économiques…

Acte 2, Scène 3 : Les ploutocrates et les petites gens

13/10/2020 : Comité social et économique central (CSEC), Yannick Tricaud, directeur France expose ses réalités :
– En 2019, croissance de +3 ;5%, 8% du CA en marge opérationnel.
– Des faiblesses sur la rentabilité, des projets en rouge, pas assez de valeur créée, un consulting Atos atone, des activités Infrastructure en baisse de 2 à 3%
– Un 1S2020 en baisse de CA -2,1% vs 1S2020 au périmètre groupe.
– 316 d’intercontrats (3,24%) pré-Covid. 853 intercontrats (7,7%) en mars 2020 lors du confinement, et 3 mois après un retour progressif continu à 3,84%, la situation est revenue à son point bas de référence.
– La sous-traitance a servi d’édredon économique, elle est passée pendant la Covid de 20% des effectifs à 17%
– Un effort de formation dixit la direction avec 2172 salariés formés (soit que 19% (!) de la population Atos).
– Et toujours le sempiternel discours qui devient un alibi : améliorer les TJM, productivité et profitabilité à accroitre, réduire les coûts, nouveaux modèles (encore) de delivery, partenariat clients, innovation, croissance externe par achats de sociétés, conduite de changement et plus de communication, sans oublier le « réussir ensemble »…
– Aussi Un « dialogue sociale 2.0 » avec la faute d’orthographe révélatrice, pour la direction, ne pas y passer du temps même pour l’expression écrite !

Une photographie de « toujours plus et sans partage !»
c’est encore une promesse de stagnation voire une récession pour l’ensemble des salariés. Le modèle social Atos en France est basé sur cette aberration : une exigence de fort investissement personnel et aucune récompense en répartition des richesses produites. Atos réinvente un modèle classique, une poignée de nantis à fort pouvoir financier – des ploutocrates – versus la grande masse des salariés maintenue sans possibilité de progression.

Acte 3 : Vue et Mal-Vie des salariés Atos France

Acte 3, Scène 1 : Une année catastrophique

Une participation à quelques euros
La participation est obligatoire suivant l’art. L3322-2 du code du travail. « Les entreprises employant habituellement au moins cinquante salariés garantissent le droit de leurs salariés à participer aux résultats de l’entreprise. »
La participation consiste en la distribution d’une quote-part du résultat fiscal aux salariés. L’objectif de l’Etat dès 1959 était de concilier patronat et salariat en leur donnant des intérêts communs.
Comme la participation est basée sur le résultat fiscal et que Atos pratique allègrement son « optimisation » avec la remontée des bénéfices au groupe et y ajoute le cumul des charges qui sont réparties là où c’est le plus efficace financièrement et nécessairement le plus préjudiciable socialement. Donc chez Atos, la participation est pour la très grande majorité des salariés de quelques dizaines d’euros par an, quasi rien, une tromperie et surtout une falsification de ce qu’a voulu les législateurs, la direction Atos n’est pas hors la loi mais hors éthique c’est certain.

Un intéressement à zéro
Non obligatoire dans les entreprises, l’Intéressement des salariés est connexe à la performance de l’entreprise si un accord est signé entre la direction et les représentants du personnel. Chez Atos, le montant de l’intéressement est à… zéro pointé depuis 3 ans. La signature d’un accord en 2017 par les autres organisations syndicales contient une formule de calcul basée sur des objectifs inatteignables, une tromperie… dénoncée par la CGT Atos&Bull non-signataire.
En septembre 2020, la direction consciente de la grossièreté du procédé, propose une obole pour chaque salarié. Toutes les organisations syndicales ont décliné, la ficelle était trop grosse !

Des augmentations mirifiques 2020 proposées à… 0,16% !
Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, la direction a présenté l’historique des augmentations de 2017 à 2019. Les % d’augmentation de la masse salariale ont été respectivement de 1,45%, 2,27% et 2,31%.
Pour 2020, La direction annonce 0,16% (!) sous prétexte de la Covid. Avec un % le plus bas depuis 5 ans sur l’égalité homme/femme : 0,10%…

Le tout est un foutage de gueule des salariés. La mise en perspective des richesses produites par Atos et la redistribution quasi-nulle en salaires témoignent d’une doctrine systématique de pression sur les salariés et de blocage générale d‘évolution.

Acte 3, Scène 2 : Une répartition des richesses qui ne vient pas

Un tableau des salaires révélateur des écarts :
– La rémunération moyenne annuelle des salariés est de 149 913 € dans le Groupe.
– Avec 5% des effectifs Atos qui ont un revenu > à 20 vis-à-vis du salaire moyen
– Le salaire moyen Atos France 2019 est de :
– Convention métallurgie : 50 625 € pour 18 ans d’ancienneté,
– Convention Syntec : 46 857 € pour 14 ans d’ancienneté.
– L’écart entre salaire moyen et élevé n’est pas connu…
Dans une entreprise, au-delà de 10 en écart entre salaire moyen et salaire le plus élevé, les sociologues estiment que cela suscite découragement et révolte.

Aucune prime Covid
Lors de la période de confinement et la bascule fortement majoritaire en télétravail, quelque 1000 salariés Atos France ont dû continuer à travailler sur site pour des raisons de nature d’activités, systèmes critiques et d’intérêt national (sites d’Aix, Six-Fours, Trélazé notamment). Dès avril, une prime Covid a été annoncée par le gouvernement pour certains secteurs obligatoires. Les délégués du personnel ont interpellé la direction Atos pour une prime pour nos collègues réquisitionnés sur site. La direction a répondu par la négative.
Cependant la prime Covid concerne aussi tous les télétravailleurs qui ont généralement fournis encore plus d’efforts pour assurer leurs activités.
Au travers des chiffres publiés pour le premier semestre 2020, et en remerciement des efforts, reconnus d’ailleurs par la direction nationale lors de la présentation de ces dits chiffres, la CGT Atos&Bull demande à la direction le versement d’une prime COVID-19 pour l’ensemble des salariés du groupe d’un montant de 1000 €.

Aucune prime aux efforts exceptionnels
Sur le projet Artemis, avec un gain de 59 M€ de CA au 1S2020, les équipes qui ont travaillé pendant 10 mois avec 50% des samedis travaillés, des heures supplémentaires non entièrement payées, et sans compter leurs heures se sont vus refusées par la direction une prime de réussite.
Les primes Accolade sont la soupape de compensation des managers vers les salariés pour garder un semblant de latitude de motivation. Mais elles sont accordées sporadiquement et arbitrairement.

Des comportements de pression ou d’illégalité en rupture du droit
Les salariés sont déconsidérés et certaines directions locales Atos se permettent des irrégularités au mieux, des illégalités au pire. Florilège des derniers comportements de la ligne managériale :
– A Six-Fours, la direction locale, relayant le message Atos France, interdit les transports train en 1ere classe a contrario des obligations des conventions collectives Syntec et Métallurgie.
– A Lyon, convocation d’un salarié à un entretien par ce qu’il ne démontrait pas assez d’« envie » pour une mission lointaine.
– A Bezons, licenciement pour inaptitude d’un salarié en situation d’handicap sans étude de reclassement ce qui est une obligation.
– Partout, un mépris des instances de représentation de proximité depuis près d’un an, à qui on répond (ou plutôt ne répond pas) : ce n’est pas en local, allez voir en national. En national allez voir dans la BDES (banque de données économiques et sociales) où les réponses n’y sont pas. Et enfin une information comme quoi… l’information sera communiquée ultérieurement !


Acte 3, Scène 3 : Les légitimes et nécessaires revendications

Atos se vante d’une année 2019 robuste où tous les objectifs ont été atteints. La marge opérationnelle est à 1 190 millions d’euros, le flux de trésorerie disponible (le fameux free cash-flow) à 605 millions d’euros,
le résultat net Groupe à 834 millions d’euros. Les salariés ont fortement contribué à ses succès, quels retours ? Aucun pour la grande majorité.
Et en « même temps », le montant des dividendes est resté stable, après une inflation pluriannuelle scandaleuse, seule la poignée de dirigeants engrangent des milliers d’actions gratuites en sus de leurs hauts salaires.
La liste serait longue de compensations, récupérations, corrections que devraient apporter la direction Atos vis-à-vis des salariés. Voici les principaux combats légitimes que la CGT Atos&Bull défend en négociations et en réunions :

Egalité femme / homme
Cette année comme les années précédentes, la CGT Atos&Bull revendique en priorité l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Nous sommes très loin du compte en ce qui concerne les salaires, sans oublier le parcours professionnel. C’est pour cela que la CGT Atos&Bull en fait sa revendication principale et qu’elle sera très attentive aux propositions de la direction concernant ces sujets où les conditions de travail des femmes sont décalées voire invisibles vis à vis des collègues masculins. Atos étant une société du CAC40, elle se doit de respecter la Loi qui date de 2014 !

Augmentation collectives – 300 euros mensuel pour tous
Depuis maintenant 10 ans, le coût de la vie a augmenté de plus de 12 % mais les salaires eux n’ont pas suivi cette évolution. La CGT Atos&Bull demande que les salariés puissent récolter les fruits de leur travail et estime que 300 euros d’augmentation mensuelle est à la portée d’une société comme Atos qui fait des bénéfices constants mais dans laquelle les salariés ne sont que très peu récompensés.
En complément, la CGT Atos&Bull demande une revalorisation obligatoire pour tous les salarié(e)s « oublié(e)s » depuis 3 ans et plus, et ce quel que soit le salaire brut de base.

Intéressement
La direction a voulu un accord sur l’intéressement a minima. Des organisations syndicales l’ont signé et le minima a en effet été atteint … 0 euro pour 2019 comme pour 2018 !
Pour cette année 2020, la négociation fut encore un fiasco, la CGT Atos&Bull demande donc de se recentrer sur les augmentations collectives en y intégrant le budget initialement prévu pour cet intéressement 2020.
La CGT Atos&Bull ajoute que toutes les mesures salariales doivent s’appliquer dès le 1er janvier de l’année 2020.

Prime de vacances et prime d’ancienneté
La CGT Atos&Bull demande que la prime de vacances Syntec soit versée en sus pour les salarié(e)s ayant 13 mois de salaire conformément à l’arrêt de la cour d’appel de Versailles du 18 novembre 2014. Cet arrêt était appliqué chez la société Worldline lorsqu’elle faisait partie du groupe.
Nous demandons que cette prime de vacances soit étendue aux salarié(e)s de la convention Métallurgie.
La prime d’ancienneté des non-cadres de la Métallurgie doit être calculée dès la 1ère année jusqu’aux 25 ans d’ancienneté sur le salaire réel et non pas sur le montant garanti annuel.

Structure de la rémunération
Pour les variables (BSC Business Score Card) – La CGT Atos&Bull est contre une politique d’accroissement de la part variable et pour sa réintégration dans le salaire fixe. Chaque salarié(e) doit pouvoir compter sur son salaire chaque mois. Sa rémunération ne peut pas dépendre du bon vouloir de sa hiérarchie.
Pour la CGT Atos&Bull les parts variables ne peuvent être acceptables que pour les salarié(e)s ayant un travail purement commercial. Si la direction souhaite motiver financièrement les salarié(e)s, nous demandons que cela se fasse sous forme d’augmentations salariales.

Indemnités de repas
Revaloriser la subvention repas à 7€ pour tous. Il n’y a pas eu d’augmentation de cette subvention depuis maintenant des années alors que les prix des plats servis se sont envolés dans le même temps.
Maintenir les carnets de Tickets-restaurant et non pas attribuer à chacun une carte restaurant qui est contraignante.
La CGT Atos&Bull appelle à l’harmonisation de la part employeur et ce quelle que soit la forme (carte Resto / tickets resto / forfait / participation RIE), avec effet rétroactif au 1er Janvier 2020.

Frais de déplacements
La CGT Atos&Bull demande à la direction de revoir sa politique concernant les frais de déplacement.
La CGT Atos&Bull demande le doublement du montant des indemnité IK Vélo et autres mode alternatifs de déplacement, proposition permise par la loi mobilité durable de 2019.
De plus, la CGT réclame le remboursement à 100% de l’abonnement mensuel ou annuel de déplacement en transport en commun permettant d’aller de son domicile à son lieu de travail.

Travail atypique & astreinte
Il est nécessaire de revaloriser la compensation des astreintes qui impactent la vie privée et la santé des salarié(e)s, notamment pour ceux et celles qui sont obligés de rester à la disposition de l’employeur la nuit et le week-end. La CGT Atos&Bull revendique :
– Tout travail effectué en décalé, 3/8 ou autre, ne doit pas dépasser 32 heures par semaine. Toutes heures faites au-delà de cette limite, doivent être payées en heures supplémentaires selon les règles en vigueur.
– La prime de « bon accomplissement du planning » doit être portée à 150 €, et le module d’astreinte à 50 €.
– Suppression des demi-modules de 6 h.
– A partir de 6 appels par semaine d’astreinte, une prime de 30€ par appel supplémentaire.
– Remboursement de l’abonnement internet à 21€ par mois quelles que soient les conditions, et ce pour tous les salariés du groupe.
– Pas de modification du planning dans un délai inférieur à 7 jours.

Subrogation des arrêts de travail
La CGT Atos&Bull demande la subrogation pour les salariés sur l’ensemble du périmètre du groupe Atos, comme elle l’est actuellement dans certaines entités.

Share 2020 vs NAO 2020.
Le montant de l’abondement versé par le groupe Atos dans le cadre du plan share 2020 s’élève à 255.476 €
La CGT Atos&Bull demande à ce que ce même montant soit ajouté à l’enveloppe de base prévue pour les Négociations Annuelles Obligatoires 2020, dans le cadre des augmentations « collectives ».

Contrat de génération
La CGT Atos&Bull réclame que la négociation future du contrat de génération reprenne a minima les mesures de fin de carrière du précédent accord, signé par la CGT, et la reconduction de la préretraite d’entreprise.

Epilogue

Il n’y a pas d’utopisme ou d’inconsidération dans les propos de la CGT Atos&Bull. Les informations de bonne santé de l’entreprise Atos devraient « ruisseler » sur les salariés Atos. Il n’en est rien. C’est une pièce cynique à laquelle la direction Atos convie les salariés, ou appelés autrement des ETP, ou des ressources, ou des unités… Il n’y a pas de partage – même en portion congrue – de la valeur acquise de l’entreprise pour la très grande majorité d’entre-nous.
Le comble est aussi que Atos en France profite des activités de secteurs publics, profite du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), profite des aides du chômage partiel, le tout étant financé par l’argent des contribuables. Les salariés se voient spoliés 2 fois : en tant qu’employé et en tant que citoyen.
Si l’ensemble des salariés convergent vers une plateforme de justes revendications, alors la direction Atos sera dans l’évidence de céder ce qu’elle devrait naturellement distribuer. C’est ce à quoi œuvre la CGT Atos&Bull.

Sources :
– Presse & Communication : atos.net, Bourse.com, Financial Times, Les Echos, Usine nouvelle, Capital
(pas vraiment des médias subversifs…)
– Document d’enregistrement universel 2019 et son amendement du 30/06/2020
– Réunions des Comités Sociaux et Economiques, CSEC (Central) et Comité Groupe

Illustrations: L’argent (Robert Bresson), Pickpocket (Robert Bresson), Le loup de wall-street (Martin Scorcese)