La CGT est en colère. Le projet de scission – du moins les informations communiquées – démontrent que la motivation est uniquement de la spéculation financière. En fait, l’objectif est l’introduction en bourse d’une nouvelle holding intitulée provisoirement Evidian qui deviendrait le « moteur à cash » de l’entreprise. Il s’agirait d’un « BDS XL » auquel on aurait ajouté les activités cloud et digital, le projet était dans les cartons depuis au moins quatre ans mais ce n’était pas le bon moment boursier. Cela l’est maintenant de par l’urgence de la situation.
Atos peut jouer – avec les échecs qu’on lui connait ces trois dernières années ! – au bonneteau avec les actions de ses entreprises, elle ne peut pas s’exempter de sa responsabilité sociale envers les salariés.
La traduction de la scission capitalistique en organisation est une catastrophe et ne répond à aucune analyse rationnelle. Le discours de la transformation est intenable (à part peut être pour Mc Kinsey) et proclame des illogismes :
- Atos est un grand groupe leader mondial et deviendra deux groupes plus puissants en étant coupé en deux !
- Les deux groupes ont des trajectoires différentes de croissance et donc doivent posséder des structures juridiques séparées. Mais alors pourquoi la dette de Tech Foundations devrait être supportée par Evidian, alors que la solidarité est déjà de mise dans un groupe unique ?
- La différenciation Atos reposait sur un positionnement unique : produire avec une taille critique des activités sur toute la chaine de valeur d’une ESN ; de la construction des supercalculateurs jusqu’au consulting. L’éclatement implique non seulement une banalisation des services Atos pour les clients, mais aussi un affaiblissement des offres.
- Déjà apparaissent les failles de partage du monde Atos : suivant les sujets, suivant les chiffres d’affaires et les relations clients, suivant les lieux, les influences occultes des managers, on aperçoit déjà des chevauchements de mêmes secteurs de marchés. Les organisations sont détourées au doigt mouillé. Cela annonce des confrontations fratricides et stériles entre les deux groupes.
- L’économie du projet est une gabegie : séparation physique des locaux, multiplication des réseaux & IT, doublement des fonctions transverses, accords croisés prévus de sous-traitance qui seront sanglants entre un groupe voulant vendre au plus cher, et l’autre acheter au plus bas !
- La relation client sera entachée par des explications vaseuses d’Atos sur les changements d’interlocuteurs, de raisons de sociétés, voire de certaines ruptures de contrats au forfait non rentables (Atos s’est engagé mais s’est trompé, oups…) !
Ce qui est le plus affligeant, ce sont les actions de redressement annoncées pour les deux groupes. Des idées novatrices et estimées positives, jamais déployées chez Atos, voyez plutôt :
- Augmenter les prix, améliorer les marges
- Accélérer encore plus puissamment l’off-shore
- Accentuer les plans de lean
- Réduire les strates de management
- Contenir les salaires dans les pays à fort coût et rajeunir la pyramide des âges
- Réduire les locaux
Au-delà de la farce, le tout est l’annonce d’un véritable démantèlement, au début par des ventes par appartements de petites sociétés du groupe, puis les immeubles d’entités, puis – dans un futur hypothétique -, lorsque les deux avatars Atos seront stabilisés, la possibilité de vente du tout !
Et les salariés, dans tout cela ?