Le 28 avril 2024, l’Etat a enfin pris position vis à vis de la faillite d’Atos. Il envisage la prise de contrôle des activités qualifiées de stratégiques. Le ministère de l’Économie avait pourtant martelé depuis septembre 2023 qu’il n’interviendrait pas dans l’affaire Atos.

Bruno le Maire précise qu’il travaille depuis des mois sur ce dossier critique mais a pris sa décision un week-end !

2 jours avant la remise du rapport d’investigation remarquable de la mission d’enquête du Sénat, et 5 jours avant la remise des offres de rachat du groupe Atos. Le calendrier démontre une fébrilité voire une précipitation de l’Etat.

Le compte n’y est pas sur la souveraineté numérique. Sanctuariser les activités des supercalculateurs, militaires, énergétiques permet à l’Etat, – sûrement accompagné d’industriels français -, de s’en accaparer à bas coût. Cependant le périmètre ne concerne que 40 % des effectifs en France.

Pour la CGT, il n’y a pas les salariés stratégiques et ceux qui ne le seraient pas. Et le compte n’y est pas pour les autres activités d’Atos en France. Car l’Etat semble oublier la souveraineté numérique des services nationaux que portent Atos avec ses multiples systèmes d’information utilisés chaque jour par la population française comme les portails des services publics, la CNAM, CAF, France Connect, etc. La direction Atos a toujours refusé de communiquer la liste exhaustive des implications d’Atos dans les services publics, parapublics et les collectivités territoriales. Pour la CGT, ce sont des activités fondamentales pour tout habitant en France. Le volet des activités militaires ne doit pas occulter les activités sociales d’intérêt national. D’autant – comble de l’ironie – que c’est aux contribuables de payer une partie des fautes d’Atos avec les prêts et participations de l’Etat.

Décidément, le compte n’y est pas sur l’enrichissement de certains. La faillite d’Atos a bien, très bien profité à quelques-uns ; les dirigeants avides, les cabinets et agences cupides de toutes sortes (conseil, juridique, communication et autres prophètes d’organisation), et aussi une grande partie de la ligne managériale, qui se dit ni responsable ni coupable, mais qui a mis à bas un groupe français mondial. Qui a profité de la manne Atos, combien, comment ? Et la direction hautaine devant les représentants du personnel répond que le coût des cabinets de conseil ne peut être calculé car compris dans les marges des projets !

Vraiment, le compte n’y est pas sur l’« optimisation » des comptes. Sauf sans doute pour ces apprentis sorciers de la finance à tous niveaux de l’entreprise qui ont permis à coups d’Excel optimisés et de PowerPoint strass, la création d’un système à la Ponzi qui ne pouvait que chuter, loin des réalités de production, des salariés et des clients. Ces trafiquants de chiffres pour leurs primes personnelles semestrielles et ces veules communicants accommodant les informations tant en interne qu’en externe.

Encore, le compte n’y est pas sur les erreurs stratégiques quant à l’aventure hasardeuse d’Atos aux États-Unis avec pour conclusion des résultats négatifs de marge opérationnelle qui plombent le groupe. Un parallèle s’impose : Bull avait acheté Zenith Data Systems en 1989 pour s’implanter sur le territoire américain. Ce fut un fiasco financier qui a entrainé des plans sociaux à répétition. Pour Atos, l’histoire semble se répéter comme une farce tragique.

Et surtout le compte n’y est pas pour les salariés sur les intentions sociales et les engagements indispensables vis-à-vis de l’emploi. Comment peut-on prendre parti pour un projet de refonte d’Atos ou un autre s’il y a de la casse sociale ? Et qu’on ne joue pas à nouveau en Comité Social d’Entreprise, la comédie d’une préservation de l’emploi pendant 2 ans… Car il est ajouté : « assujetti à la réalisation du business plan »… C’est-à-dire une projection de chiffres spéculatifs au doigt mouillé comme n’a pas cessé de pratiquer Atos, une fumisterie qui n’engage ni les dirigeants Atos, ni les dirigeants repreneurs… La CGT est contre tout plan qui ne garantisse pas l’emploi. Atos c’est tout d’abord des savoir-faire, tous les chantres gouvernants n’arrêtent pas de scander que les compétences des salariés font la valeur de l’entreprise… Et par ailleurs, ils les massacrent en termes de réduction d’effectifs, de formation réduite, d’évolutions salariales quasi-absentes et de moyens de production au rabais… Folie des injonctions contradictoires du management d’Atos que subissent les salariés depuis des années.

Et le compte n’y est toujours pas sur l’opacité avec la dissimulation des informations par la direction. Devant la commission du Sénat qui a demandé les prix d’achat des 43 acquisitions du groupe depuis 2008, seulement 9 ont été rendus publics… Encore et toujours de l’opacité sur les comptes Atos.
Le groupe déplore son retard sur l’offshoring et lorgne sur les salaires à bas coût. Mais le groupe fortement implanté dans les services stratégiques et publics ne fait pas le lien avec ses clients étatiques qui justement ne peuvent pratiquer les productions off-shore !
Pour les fameux et fumeux cabinets de conseil, le rapport d’enquête du Sénat souligne : « Si la pratique est courante pour ce type d’opérations complexes et sans remettre en cause la liberté d’une entreprise de recourir aux prestations de conseil de son choix, les rapporteurs s’étonnent du coût faramineux de la réorganisation du groupe, estimé à plus de 700 M€ ». Atos ose n’indiquer qu’une estimation devant les représentants de la nation tout en quémandant une intervention financière de l’Etat !

Aussi, le compte n’y est pas sur la scission désastreuse de découpage entre Atos et Eviden ! Un coût de restructuration proche du milliard d’euros dépensé en 2 ans, pour seul résultat de rendre encore plus difficile la production et donc l’activité des salariés et les services aux clients. Le conseil d‘administration avait même osé déclarer sur ce projet que c’était : « celui qui créerait le plus de la valeur pour toutes les parties prenantes ». Au charlatanisme s’ajoute l’impéritie.
Quant à l’unité du groupe dont la CGT est la seule organisation syndicale à prôner la valeur stratégique incontournable, les sénateurs constatent un méchant écart de discours : « Si les rapporteurs donnent acte aux dirigeants d’Atos de leur volonté de maintenir le groupe dans son ensemble, ils relèvent toutefois que ces déclarations du 10 avril dernier sont à rebours de la communication récente, qui a annoncé à plusieurs reprises prévoir des cessions d’actifs, et s’inquiètent d’une « vente à la découpe » qui serait décidée par les créanciers et les actionnaires ».

Quels que soient les format de sortie de la crise financière d’Atos, la CGT réitère ses préoccupations et ses propositions :

1/ Tant que les intentions sociales de la nouvelle forme d’Atos ne sont pas formalisées, tout plan proposé par la direction est un danger. Les salariés d’abord et non les créanciers !

2/ La CGT a proposé depuis février un projet industriel chiffré d’alternatives stratégiques pour sauver Atos.

Lisez le projet, adhérez-y, défendez-le !

Une pétition est également en cours pour faire entendre votre voix : https://www.change.org/p/sauvons-atos-une-alternative-est-possible

La CGT répond à vos questions sur la situation du groupe : https://www.cgtatos.org/contact/, contactez-nous.