En novembre 2021, une pré-étude était menée localement à Sofia Antipolis pour évaluer les besoins en équipements et espaces des salariés. Le projet, louable à l’origine, s’était transformé en évolution du mode de travail vers le flex-office pour trois équipes du bâtiment Millenium à l’été 2022, sans qu’on comprenne pourquoi vu l’opposition des salariés à ce type de fonctionnement. Une expertise avait été menée à l’époque par le cabinet Isast sur le bien fondé du projet et les motivations de la direction, à la demande des représentants du personnel : elle concluait que les informations connues et relatives à la démarche étaient tout à fait insuffisantes, que le périmètre du projet ne pouvait que s’élargir vu l’évolution des effectifs et des effets sur les autres équipes, et qu’enfin les conséquences n’avaient pas été du tout étudiées en terme d’efficacité ni de conditions de travail. Finalement, cette « expérimentation » n’a jamais été mise en œuvre…

Au deuxième semestre 2022, la version « évoluée «  du projet, avec le passage en flex-office de tout le site est lancée, donnant à nouveau lieu à un rapport de l’expert ayant déjà œuvré sur le sujet. Ses principales conclusions confirment l’inutilité, l’immaturité et le dogmatisme des évolutions voulues par la direction :

  • La faible fréquentation du site étant un point d’alerte pour la direction, le projet est « habillé » de vertus opportunistes comme la consommation énergétique, l’optimisation des espaces ou la notion de site pilote.
  • « Atos fait le choix, à rebours des pratiques constatées et de ses propres usages, d’un passage de ses équipes en flex-office sans réaménagement des locaux, sans investissements dans les équipements, sans plan d’accompagnement des salariés. Au risque d’associer retour au bureau avec détérioration des conditions de travail »
  • « Les gains objectivés sont incertains, au mieux marginaux, sans proportion avec les couts d’entretien : bilan économique déficitaire pour plusieurs années, le bilan écologique est marginal voir contreproductif, le bilan opérationnel est négatif »
  • « Les recommandations de l‘expertise de 2022, prises en compte, sont pour une bonne partie reportées, en attente du national »
  • « Ce projet, initié à la demande du national, est mené essentiellement en local, sans bénéficier des retours d’expérience du groupe et n’est pas du tout un projet pilote dans la continuité du projet Bamboo contrairement à ce qui a parfois pu être mis en avant. »
  • « Le bilan sur les équipements est injustifiable, les périphériques de base ne sont pas à disposition des salariés. Le dispositif de prévention des troubles musculosquelettiques est significativement défaillant. Certains salariés ont compensé les carences de l’organisation en aménageant eux-mêmes leur poste de travail, parfois à leurs frais. Le flex-office supprimera ces aménagements, dégradant les conditions de travail en imprimant une expérience inutilement négative »
  • « Les salariés sont aujourd’hui partagés sur le projet qui comporte un vrai risque d’être contreproductif et de les motiver à faire plus de télétravail »

Les incohérences des deux projets successifs, invoquant d’abord le manque de place, puis la nécessité de faire face à la sous-occupation (comprenne qui pourra), ne cacheraient-elles pas des motivations dogmatiques et financières, « à la mode » ?