La direction d’Atos, toute à sa narration (story-telling) du renouveau d’Atos boosté, vient de communiquer sur deux initiatives nouvelles qui sont censées donner de l’espoir… aux marchés.

La première se déroule en Egypte où Atos étend son implantation actuelle (300 salariés) en ouvrant un GDC (Centre Global de Compétences) au Caire. L’intéret de ce pays, nous dit le conteur, est qu’il regorge de diplomés compétents capables de parler différentes langues comme l’anglais, l’allemand et le français. Atos devrait y employer 1000 personnes supplémentaires dans les années à venir, qu’elle appelle « main d’oeuvre » dans son communiqué de presse. C’est donc désormais à une concurrence acharnée que font face les autres centres de compétence, au Maroc, en Pologne, en Inde. D’après la direction ces derniers n’ont pas été capables de répondre aux exigences  pour ce GDC, en particulier le CEO de Tech Foundation a été fort agréablement surpris de découvrir que la « main d’oeuvre » égyptienne ne coutait que 11% de plus que celle d’Inde réputée pour être la moins chère au monde dans le domaine spécialisé de l’IT. Reste à savoir comment la fameuse démarche RSE (autre narration destinée aux Marchés) d’Atos s’accomodera de cet investissement dans un pays notoirement déficient sur le plan des droits humains, sans parler du fameux code éthique (vous avez suivi votre formation obligatoire ?) A force de raconter des histoires il est possible qu’elles se contredisent!

Puis c’est un partenariat avec le géant de l’informatique Amazon (on dit Hyperscaler) qui nous est raconté depuis « LAS VEGAS et PARIS le 30 novembre 2022 » Ce serait donc une alliance stratégique inédite qui a lieu ici. La direction nous fait miroiter la formation aux techniques AWS pour 2000 salariés du groupe. Ce qui fait s’extasier le CEO c’est surtout que cette formation sera payée par AWS et ne viendra pas dégréver les temps imputés sur les contrats… On sait que le grand défaut d’Atos est le manque d’investissement dans la formation de ses salariés, bien difficile en effet d’obtenir quoi que ce soit en la matière si on déclare des temps productifs sur un contrat, profit avant tout au fi de l’évolution des compétences. Donc pas de changement à l’horizon sur ce front: si quelqu’un doit payer la formation ce ne sera surtout pas Atos. Maintenant en matière industrielle et commerciale on connait bien cette stratégie inédite (sic) puisqu’Atos a une experience similaire avec l’autre hypsercaler Google. Ni AWS ni Google n’ont de forces vives capables de trouver de nouveaux clients, c’est donc Atos qui lui fournit cette précieuse matière en transférant des contrats hébergés dans les datacenters vers les infrastructures des « alliés ». Atos démarchera activement 800 de ses clients afin de les aider à migrer vers… un autre fournisseur: On peut très clairement se demander si cette histoire là est aussi bénéfique pour Atos que pour les énormes requins Amazon et Google.

On le voit au travers de ces deux histoires telles qu’elles sont racontées aux marchés, la direction d’atos n’est animée que par des objectifs de profit et, on ne change pas une équipe qui perd, s’accroche à ses modes de fonctionnement passés sans en tirer le moindre enseignement.

Illustration: « Sheherazade » par Édouard Frédéric Wilhelm Richter