Drôle d’exposé que le rapport d’expertise commandé par vos représentants du personnel au Comité Social et Economique Central, sur la situation actuelle d’Atos. Les experts sont gênés aux entournures pour établir un rapport objectif qui diffère des communiqués de presse alambiqués de la direction et des articles à sensation de la presse. Ils ne peuvent que constater le manque de documents ne leur permettant pas un état exhaustif des lieux :

  • Les tractations sont en cours avec la holding EPEI, mais la direction refuse de communiquer sur les intentions de l’acheteur, malgré son obligation légale, soi-disant par crainte de fuites dans la presse…
  • Les communications du groupe n’évoquent pas d’objectifs précis de génération de trésorerie pour les segments Eviden et TFCo.
  • Le business plan détaillé d’Eviden n’est pas communiqué.
  • En matière de valorisation de TFCo et selon la méthode utilisée, des différences très significatives apparaissent. Au regard des informations transmises, les experts ne sont donc pas en mesure de se positionner quant à la juste valeur des activités.
  • L’optimisation du fonds de roulement évoquée chez Atos reste bien obscure…
  • On manque de visibilité sur la structure capitalistique d’EPEI dans son ensemble et donc sur sa capacité à soutenir le futur de TFCo (les experts n’ont pas pu rencontrer des représentants d’EPEI…).
  • Et les tractations en cours avec les banques pour renégocier le surendettement dont on ne connait pas l’aboutissement sinon qu’Atos n’a plus de latitude financière.

Les experts en sont donc réduits à ne faire que des hypothèses sur les communications d’Atos :

  • L’endettement d’Eviden n’est pas supportable.
  • Il y aurait des clauses de reversement à Eviden d’une partie du prix de revente de TFCo si EPEI s’en séparait avant 2026 ou 2027, la direction le prévoit donc déjà contrairement à ses discours rassurant.
  • Les hypothèses sur les marchés potentiels à conquérir ont doublé entre juin 2022 et juin 2023, ce qui pose question et n’est pas très crédible…
  • Des garanties d’emploi ont été négociées pour une période de 24 mois chez TFCo sous condition de la bonne réalisation du plan d’affaires prévu. En cas de non-atteinte, des mesures supplémentaires seraient alors prises, précise le communiqué Atos, mais lesquelles ? Inquiétant !
  • Une question centrale : à quand un projet industriel pour Eviden ? Les experts n’en ont pas trouvé !
  • Enfin, on peut déduire du communiqué de presse Atos du 16 octobre qu’EPEI achèterait TFCo, la moitié d’Atos, pour 1 € symbolique !

Les causes de la débâcle sont dans la presse, cependant condensées dans un paragraphe, cela montre l’incapacité de toute la ligne managériale : manquements stratégiques, acquisitions trop variées et trop coûteuses, pas d’anticipation sur certains marchés, une course aveugle à la taille, des réductions permanentes de coûts empêchant les investissements et les fonctionnements, des réorganisations contreproductives absurdes et des salariés qu’on ne sait pas retenir ! La liste est longue et douloureuse, résultats : de moins en moins de marge, de plus en plus de dettes, des renégociations d’emprunts, et à la fin plus aucune stratégie sinon la soumission aux banques !

Le plus absurde aura sans douté été la promesse d’engranger une belle valeur boursière par une scission miraculeuse…Evidemment ça n’a pas fonctionné et une cession, décriée à l’unanimité par les protagonistes un tant soit peu sérieux, a été improvisée à la va-vite face à l’endettement colossal. Ha ! au passage, la scission ratée a rajouté, par un emprunt, 1,4 Mds de dettes supplémentaires, quelle efficacité !

Une gouvernance défaillante, renouvelée par d’autres têtes …qui continuent à appliquer la même politique de dépeçage de l’entreprise. Ces gens-là vont brader Atos jusqu’à nos dernières carte PKI !

Les représentants du personnel doivent donc s’appuyer sur un rapport d’experts incomplet du fait des manquements d’Atos en termes de fournitures d’informations. C’est bien entendu illégal mais aussi une pratique courante sur les quatre dernières années de la mandature qui s’achève…