La réforme des retraites imposée par l’ensemble des moyens les moins démocratiques que permet la constitution, vise, une fois encore, à baisser les pensions et à obliger les salariés et les fonctionnaires à travailler plus longtemps. Neuf français sur dix qui partent à la retraite perçoivent une pension intégrant des éléments de solidarité constitutifs du système actuel et menacés par la réforme.
Le système français de retraite, mis sur pied au lendemain de la seconde guerre mondiale, a déjà fait l’objet de huit réformes. Elles ont toutes été guidées par la volonté de remettre en cause le droit à partir à 60 ans institué en 1982, et d’obliger les salariés et les fonctionnaires à travailler plus longtemps. Pour y parvenir, les gouvernements libéraux successifs ont eu recours à différentes mesures : prise en compte des 25 meilleures années de salaire dans le calcul des pensions, contre dix auparavant, pour les salariés du privé et allongement de la durée de cotisation dans le public, avec, pour conséquence, la baisse des pensions, en particulier des femmes et de celles et ceux ayant connu des périodes de chômage ou de précarité. Le recul de l’âge de la retraite à 62 ans, poursuivait le même objectif, plaçant nombre de salariés devant l’obligation de travailler plus longtemps, voire jusqu’à 67 ans pour échapper à une décote de leur maigre pension.
Aujourd’hui, repousser l’âge légal de départ et augmenter le nombre de trimestres nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, pousse les salariés à financer eux-mêmes (pour ceux qui le peuvent) leur propre retraite. Les salariés les moins bien lotis (bas salaire, période de chômage, contrats précaires, maladie, …) seront condamnés à la précarité et à la charité… comme avant la création du système de retraite !
Si l’espérance de vie augmente, les français passent moins de temps à la retraite en raison des réformes précédentes. Par exemple, la réforme Sarkozy a réduit d’un an la retraite moyenne. Elle était de 26 ans pour la génération née en 1950, elle est aujourd’hui à 24,6 pour la génération 1970.
Le gouvernement affiche la promesse d’une retraite minimum à 1200 euros brut, mais omet de préciser que c’est pour une carrière complète. C’est en dessous du minimum retraite voté en 2003 qui prévoyait déjà un minimum à 85% du SMIC mais n’a jamais été appliqué. Non seulement cela ne concernera que les futurs retraités mais ce montant se situe à peine au-dessus du seuil de pauvreté ! Aujourd’hui, 40% des retraitées perçoivent, après une vie de travail, une pension inférieure au seuil de pauvreté.
Plus d’un salarié sur deux n’est déjà plus en emploi à 60 ans, plongé dans une situation d’extrême fragilité, voire au RSA pour une part non négligeable d’entre eux. Les travailleurs doivent pouvoir aborder la retraite avec un niveau de pension suffisant pour vivre correctement et à un âge qui permette d’aborder, sans incapacité, cette période d’une nouvelle vie qui est d’utilité économique et sociale.
La réforme annoncée pousse plus loin encore cette logique de réduction des dépenses sociales. Qualifiée de « paramétrique » par le gouvernement, elle ouvre la voie notamment à la suppression des régimes spéciaux considérés comme trop coûteux et à une attaque renforcée contre les droits familiaux. C’est en réalité un changement en profondeur du système actuel. Elle consacre aussi un basculement vers l’impôt, du financement des retraites dont le pilotage ne serait plus assuré par les représentants des salariés, mais par le gouvernement et le législateur, au détriment de la démocratie sociale.
Pourtant, une réforme dans le cadre du système par répartition et solidaire, est nécessaire, qui garantisse notamment :
- De meilleures pensions, avec un minimum de 2000 € bruts pour tout le monde,
- Un retour à 60 ans de l’âge de départ à la retraite à taux plein et à 55 ans pour toutes celles et tous ceux exerçant un métier pénible,
- La prise en compte dans la carrière des années d’études.
Elle nécessite un financement de 120 Mds € d’ici 2070 qui peut être dégagé sans difficulté par la création des très nombreux emplois nécessaires, notamment dans les services publics, par l’augmentation des salaires et l’instauration de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Ces recettes peuvent aussi provenir, pour une part, des 159 milliards € que représentent les exonérations sociales sur les bas salaires, des 70 à 90 milliards € que coûte le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et d’une chasse efficace à la fraude fiscale pratiquée par les employeurs à hauteur de 100 milliards €, au bas mot, chaque année.