Une petite analyse pour comprendre l’étendue des dégâts et la manière dont la dizaine de dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’entreprise en moins de six ans vous ont volés par leur incompétence.
2019-2021, le début de la fin
De 2019 à 2021, la baisse du chiffre d’affaires concerne l’Amérique du Nord et l’Europe centrale, la baisse de la marge opérationnelle, elle, a été générale. Avant 2021, elle approchait ou dépassait les 10%, elle reste inférieure à 5% depuis. A partir de 2021, le groupe a déprécié pour plus de 4Mds d’actif trahissant l’amateurisme des responsables lors des nombreuses acquisitions d’entreprises payées beaucoup trop cher. Depuis 2020, 1.5Mds ont été dépensés en « frais de réorganisation » auxquels il faut rajouter, sur la même période, plus de 1.6 MDS de « charges opérationnelles non récurrentes » dont la direction est incapable d’expliquer à quoi cela a servi et quels bénéfices en ont été tirés…
2023, l’année de tous les dangers !
Le taux d’intérêt moyen supporté par le groupe sur sa dette est passé de 1 à 3% entre 2022 et 2023, aboutissant cette année-là à une charge de presque 300M d’euros. Le résultat net du groupe est passé de + 3.5Mds en 2018 à -3.5Mds en 2023, belle performance de nos dirigeants méritant bien les salaires déraisonnables et les bonus touchés !
Les investissements opérationnels, déjà insuffisants à cette époque, ont diminué de 50% depuis 2019 passant de 300 à 200M€. Depuis 2022 le remboursement des emprunts est totalement financé par de nouveaux emprunts car le groupe ne dégage plus assez de trésorerie, et pourtant la direction a continué à dépenser sans compter dans des projets coûteux et nuisibles au fonctionnement de l’entreprise.
Jusqu’à récemment, le recours à l’affacturage pour un montant moyen de 800M€ par an (moyen de financement permettant d’obtenir rapidement une
avance de trésorerie par la cession de factures en attente de règlement à un établissement de crédit spécialisé) a eu un coût important. Encore de l’argent gaspillé. Les salariés se plaignent tous du manque de moyens sur les projets alors que les dépenses du groupe explosent, où disparaît la richesse produite ?
Les annonces d’avril 2024
D’après les résultats H1 2024, la seule cohérence des dirigeants d’Atos est de se tromper tout le temps, sur la croissance en Amérique du Nord, sur la baisse de TFCo et la hausse d’Eviden. Pour tenir les objectifs de marge annoncés, les coûts de main d’œuvre seront diminués de 8% en 2024, 9% en 2025, 6% en 2026 et 3% en 2027 : comment le groupe va-t-il pouvoir produire plus et dégager plus de marges avec moins de salariés ?
BDS est censé faire une croissance de son chiffre d’affaires et de sa marge de 10 à 12% sur les trois prochaines années ! Comment ? Mystère…
Il est prévu une progression de 66% de la marge d’Eviden entre 2023 et 2027, sans tenir compte de la vente de Worldgrid qui la produit pourtant à hauteur de 50% !
Côté TFCo, on est plus prudent, avec tout de même une prévision de progression de la marge de presque 26% sur quatre ans, bonne chance ! Surtout avec des carnets de commandes en baisse sur 2024 de 20% pour TFCo et 14% pour Eviden. Les prévisions fournies par Onepoint lorsqu’il était candidat à la reprise de TFCo, pourtant déjà très optimistes, étaient plus basses de 30%…
Ayez confiance
Au niveau du groupe, comment croire qu’en 2027, avec un CA prévu équivalent à celui de 2023, la marge sera trois fois plus élevée ?
L’échéance de remboursement de la dette recule mais les perspectives de trésorerie du groupe ne permettront pas d’y faire face aux dates fixées. Les taux très élevés des nouveaux emprunts souscrits ne vont rien arranger, ni le mécanisme dit de « paiement in kind » qui consiste à capitaliser les intérêts plutôt que de les verser annuellement. Avec cette méthode, les intérêts de l’année n+1 sont calculés sur le capital et les intérêts de l’année n, ce qui entraine un effet « boule de neige » et une augmentation des intérêts d’année en année.
Après restructuration, la dette sera égale à 85% de son montant de fin 2023, mais avec des taux de financement bien plus élevés. Le « mur de la dette » recule à 2028/2029 mais sera encore plus haut !
La solution préconisée par la CGT, nationalisation totale et temporaire d’Atos pour sauvegarder TOUTES les activités souveraines gérées par l’entreprise et redonner confiance aux clients, reste plus que jamais d’actualité. Ce serait aussi une manière de se débarrasser de la gouvernance actuelle et d’enfin prendre un cap industriel et stratégique en adéquation avec nos capacités opérationnelles. Et surtout d’éviter le naufrage, repoussé mais inéluctable, les ventes à la découpe et les risques avérés sur l’emploi.