Suite au lancement du « Challenge Staffing » par la Direction des Opérations côté Eviden, nous tenons à exprimer notre préoccupation sur plusieurs aspects.
Respect du RGPD & données personnelles
La diffusion d’une liste contenant des informations sur les employés dits en « bench » soulève des questions majeures sur le respect du RGPD. Ouvert à tous et toutes en interne, rien n’empêche sa diffusion, volontaire ou non, à l’extérieur de l’entreprise. Cela dévoie à l’impératif de protection et de limitation de l’accès pouvant profiter à la concurrence, être utilisée pour démarcher des collègues ou pire, à des fins de dénigrement, manipulation.
- Comment ces risques sont-ils gérés ?
- Comment est garantie la protection de nos données ?
- Comment cette diffusion respecte-t-elle la législation ?
- A qui servent les formations obligatoires sur le sujet ?
Détournement de responsabilités
« Placer des collaborateurs (sic)», « Identifier des besoins », cela relève directement et uniquement de la compétence des équipes « staffing » (Management, RH, …)
- Pourquoi demander aux employés de l’assumer ?
- Ce transfert de responsabilités pose question !
- Pourquoi les équipes staffing ont-elles besoin que d’autres assument leur rôle ? Surcharge de travail ? Organisation inadéquate (voire désorganisation) ?
Approche ludique banalisant une situation grave
Youpi, c’est un jeu ! Et on peut gagner de l’argent sans la mention « attention à l’addiction » ! Le Bench (ou inter-co) est une problématique sérieuse et cela pose question :
- Pourquoi tant de salariés sont-ils en Bench ?
- Manque d’adéquation entre projets et profils ?
- Manque d’anticipation par manque de formation ?
- Les objectifs de marge constamment augmentés nous rendent-ils moins compétitifs ?
Inégalité d’accès aux primes
La CGT a toujours dénoncé le principe de primes créant de facto des inégalités car basé sur deux principes opaques : évaluation arbitraire et budget limité. Ici, derrière le « tout le monde peut » se cache un biais simple : ceux qui occupent déjà des postes de staffing sont naturellement en position d’en profiter. En miroir, celles et ceux qui ne sont pas en contact direct avec nos clients ont peu la chance de participer à ce challenge. Pire : quid des projets qui basent leur marge sur l’attrition de l’équipe ? Si un salarié émet une demande de renfort pour travailler mieux, on lui répondra probablement : ce n’est pas le sujet, merci.
Sous-entendu de délation
Ce mail est arrivé dans la boite de 5000 personnes. Si finalement, tout le monde peut juger l’ensemble de ses collègues (avec les moyens associés : plan de charge, besoin client, CVs, souhaits d’évolution, …) alors quel besoin de managers i.e. (personnes non facturées avec un salaire très supérieur) alors que les opérationnels peuvent assumer production et croissance de la production ?
- Est-il encouragé indirectement d’indiquer quels collègues seraient sur le Bench sans que cela se voit ?
- Est-il encouragé de juger qui peut ou non travailler ?
- « collaborateur » prend une autre tournure …
- Des mauvaises décisions répétées de la direction ont mis l’entreprise en difficulté ?
A l’enfumage des primes et au poids des conséquences de choix qui ne sont pas les nôtres, la CGT demande des actions judicieuses : un engagement sur le long terme pour la réduction du turnover, un environnement de travail attractif, une revalorisation des salaires.
Ceci n’a rien d’un jeu, il s’agit de nos qualifications, de nos savoir-faire. Notre engagement réclame en retour une gestion responsable, transparente et respectueuse.
Les agissements dénoncés ici pourraient arriver côté Atos voire le sont déjà. La CGT y sera vigilante : la direction nous demande depuis longtemps de la résilience. Celles et ceux qui disent, en période de pénurie de main d’oeuvre et en pléthore de projets, « c’est un problème de riche » doivent être les premiers à ne pas jouer à la stigmatisation et doivent prendre leurs responsabilités.