Le terme de « tribunal de commerce » bruisse autour d’Atos, dans les médias et dans les communiqués de presse du groupe sous l’expression fumeuse : « La société n’exclut pas de recourir aux mécanismes de protection juridique ».

Pourquoi la menace d’une procédure de conciliation plane t’elle aujourd’hui ? Atos vit à crédit depuis 2020 : sans les emprunts bancaires, la société ne pourrait pas assurer ses engagements. Pour ne rien arranger, le projet de scission qui n’a pas permis l’entrée en bourse d’Eviden à augmenté le déficit de 1,4 Mds, bien joué ! Les échéances de remboursement approchent, or les marges opérationnelles prévues à 8% en 2024 et 10% en 2026 ne seront probablement jamais atteintes : en 2023 elles plafonnent  à 4% ce qui implique que le passif s’accroit sans possibilité d’honorer les traites. Et les salariés continuent de vivre des politiques drastiques d’économie et de pression !

Pour renégocier les échéances, il est évoqué le truchement d’un administrateur judiciaire du tribunal de Nanterre. Personne ne s’est posé la question comment un super-super-banquier comme notre PDG avait besoin d’un intermédiaire pour parler avec des banques ! L’évocation du tribunal de commerce serait un chiffon rouge pour donner du temps afin de pouvoir rembourser les dettes, sous peine que toutes les parties prenantes perdent très gros…Mais ce n’est pas anodin : quand la direction menace – c’est l’intention – d’une procédure de sauvegarde, elle met le doigt dans un rouage juridique qui peut aller loin avec les étapes qui vont crescendo : mandataire ad hoc, conciliation, sauvegarde, redressement, et liquidation judiciaire…

« La sauvegarde n’est pas probable, elle pourrait être envisagée » précise avec nuance le directeur Europe du Sud devant les élus du CSE Eviden. Quand même, comme toutes les prévisions de la direction ont été des échecs depuis 2021, on se dit que l’entreprise pourrait aller vers un krach financier si l’échafaudage de ses tactiques improvisées s’écroulait encore…

Et l’emploi ? Oh, mais la direction interpellée par la CGT est certaine : « il n’est pas prévu de plan social sur Eviden France ». Les statistiques du ministère de la Justice sont pourtant éclairantes sur le sujet : en 2022, sur 885 procédures de sauvegarde, 515 ont donné lieu à un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) soit près de 60%… On s’approche de la casse sociale…

Pendant ce temps-là, les dirigeants d’Atos se succèdent de plus en plus vite… On constate que l’entreprise a donc encore les moyens pour de nombreux et volumineux parachutes dorés, tant pis pour le déficit aggravé… Et le directeur financier remplace le directeur général, si stratégie il y a, alors elle sera uniquement financière. C’est ce qui nous a amené où nous en sommes !

Notre président pérore démagogiquement dans un journal que sa « priorité est l’intérêt social d’Atos au bénéfice de ses employés en priorité ». Dommage que les salariés ne s’aperçoivent pas de la haute estime dans laquelle on les tient dans leurs conditions de travail et leurs valorisations salariales !