Déclaration de la CGT au CSE Atos Conseil & Solutions du 17 septembre 2020

Édouard Philippe devient administrateur indépendant du groupe français Atos, en plus de son poste de maire du Havre. « Gagner de l’argent, c’est le nouveau monde » comme le dit Vincent Jauvert, un journaliste à l’Obs.

Edouard Philippe va gagner à peu près l’équivalent de ses indemnités de maire du Havre, soit plus de 40 000 euros par an et compenser ainsi la perte de revenus induite par son éviction du poste de premier ministre.
En tant que haut fonctionnaire dont la formation et le travail ont été payés par nos impôts issus en grande partie de notre labeur, il aurait pu demander à retrouver un poste dans la haute fonction publique et servir ainsi l’Etat et l’intérêt général. Que nenni ! Il a préféré retourner à ses premiers amours bien plus lucratifs : le lobbying.

La CGT Atos s’étonne que la haute autorité pour la transparence de la vie publique ait rendu un avis favorable alors que Thierry Breton a été nommé commissaire européen lorsqu’Edouard Philippe était premier ministre. Serait-ce un renvoi d’ascenseur ? La CGT Atos s’inquiète de la dérive affairiste de nombres de nos politiques nationaux et de l’image déplorable de « république bananière » que celle-ci donne.

L’exercice du pouvoir devient un moyen de monnayer ensuite son carnet d’adresse et son « expérience » dans le privé. Cette dérive est responsable de la méfiance et de l’écoeurement d’un nombre croissant de travailleuses et de travailleurs vis-à-vis des institutions et des dirigeants.
Il aurait été bien plus transparent d’embaucher Edouard Philippe en tant que « super commercial » pouvant apporter des gros contrats entre la poire et le dessert lors d’un diner dans un restaurant gastronomique ou autour d’un verre dans un club fermé où se retrouvent ses congénères de la haute bourgeoisie (tout en respectant les consignes sanitaires).

Alors que les salariés sont inquiets pour leur emploi et leur salaire, que certains sont soumis à une forte pression pour accepter des missions sous qualifiés ou lointaines, alors que le nombre de sanctions disciplinaires tend à croître, Atos a eu comme priorité de recaser un copain de Thierry Breton. Les salariés apprécieront certainement ce geste de « bienveillance » des gros actionnaires envers un représentant de leur classe sociale.

La CGT Atos ne doute pas un seul instant que le maire du Havre sera aussi disponible pour ses concitoyens que pour les actionnaires d’Atos. Edouard Philippe est connu pour être un industriel connaissant parfaitement le secteur des ESN, sa stratégie et ses enjeux …

La CGT Atos se réjouit de la nomination de cet administrateur et ne doute pas de sa volonté de développer l’emploi en France et d’augmenter les salaires. La politique qu’il a mis en place en tant que premier ministre sous l’autorité du président Macron en est d’ailleurs la preuve flagrante. (« comprenne qui pourra » l’ironie des propos !)