Pour savoir où l’on va, l’enseignement de l’histoire nous éclaire. Que s’est-il passé ces dernières années à propos des objectifs stratégiques d’Atos ?

  • 2010, 48000 salariés. Les objectifs stratégiques sont : services transactionnels, solutions de conseil, d’intégration de systèmes et d’infogérance.
  • 2011, 78000 salariés après l’achat d’IT Siemens. Les objectifs stratégiques sont : bâtir une entreprise européenne leader, services cloud, réseaux sociaux d’entreprises, paiements électroniques.
  • 2014, 85000 salariés après l’achat de Bull et de IT outsourcing Xerox. Les objectifs stratégiques sont : être champion européen de cloud, big data et cybersécurité. Atos ambitionne l’entrée au CAC40.
  • 2017 97000 salariés et entrée d’Atos au CAC 40. Echec de l’achat de Gemalto (sécurité numérique, 14000 employés). Les objectifs stratégiques sont : encore le cloud, digital workplace, cybersécurité, big data et solutions cognitives.
  • 2018, achat de Syntel avec ses 23000 salariés dont 90% en off-shore. Les USA deviennent la première région de production pour Atos. Les objectifs stratégiques sont : toujours le cloud, digital workplace, cybersécurité, SAP Hana et les solutions cognitives (Atos Codex).
  • 2019,108 000 salariés. Les objectifs deviennent : fini le cloud, décarbonation, digital, cybersécurité
  • 2020, fièvre de croissance externe avec 10 sociétés achetées pour un total de 2600 salariés
  • 2021, sortie du CAC40, la fièvre ne tombe pas : 11 sociétés achetées avec 1500 salariés, abandon du projet d’achat de DXC ayant fuité dans la presse (137000 employés, infogérance, où est la logique ?)
  • 2022, malgré les résultats négatifs et la dépréciation d’actifs pour 2,5 Mds €, on continue la fuite en avant en achetant 5 sociétés avec 300 salariés.

Résultat, scission du groupe en 2023. D’un côté Evidian et ses activités dites stratégiques, cloud public, big data, cybersécurité, digital., de l’autre New Atos et ses activités qualifiées de « non stratégiques » avec l’infogérance (cloud privé), le digital workplace et Technical Services. Pour enfin retrouver la profitabilité ??

Le tout montre une certaine cohérence, celle de l’entreprenariat financiarisé et de la prédominance de l’actionnariat sur les intérêts industriels. Toute l’histoire apparaît comme une gigantesque affaire en bourse dont les salariés ne constituent que le décor délaissé…