La CGT a obtenu un siège au comité européen d’entreprise Atos dénommé SEC pour Societas Europaea Council. Mal connu des salariés français, il regroupe des représentants du personnel de tous les pays de l’union européenne dans lesquels Atos a des employés. En tant que plus haute instance de représentation des salariés, il est le premier a être « consulté » par la direction à propos de son projet de scission et des projets associés au financement de l’opération. Les informations communiquées y sont à la demande de la direction, confidentielles, car elles pourraient avoir un impact sur la perception des marchés et, accessoirement!, des salariés concernés. Nous vous informerons dès que nous le pourrons des conséquences et de la mise en œuvre prévues et de leur déclinaison en France.

Le comité européen est le seul endroit où nos chers dirigeants du top niveau daignent se déplacer pour échanger avec les travailleurs Atos. Ceux-ci, une trentaine, représentent donc différentes cultures, viennent de pays aux législations diverses et ont un historique Atos varié. Les Anglais et Suisses, hors UE, n’ont que le droit d’y écouter.

Lors des réunions des 6 et 7 juillet, l’ancien directeur général, qui savait déjà qu’il partirait peu après, y a présenté l’historique ayant mené le conseil d’administration à décider du projet de scission désormais dénommé « Boost », ou comment s’éparpiller pour mieux se recentrer… sur les profits!

Le conseil d’administration a fait appel à des cabinets de consultants (les mêmes qui ont réduits les places d’hôpitaux et les personnels soignant en France) pour revoir sa stratégie. Plusieurs options ont été envisagées : augmentation de capital, augmentation de la dette, … et celui de la séparation a été choisi car il était « rationnel ». 300 millions d’actifs ont déjà été vendus sur les 700 prévus, le reste ne peut être dévoilé pour l’instant, pas anxiogène n’est-ce pas ? (voire article ci-dessus). Mais une société qui est déjà « formidable » (Evidian) va être créée et renflouera l’autre, donc c’est formidable aussi !

En résumé « it’s a very nice story » et il n’y a pas de plan B car celui-ci va réussir. On se souviendra du « succès » de Spring. La « Chief Strategy Officer » est responsable du projet de séparation car elle a piloté un projet similaire chez Suez. Elle rejoindra l’une ou l’autre des entreprises à la fin du processus. Bien que responsable des acquisitions, elle se focalisera d’abord sur les désinvestissements pour régler les problèmes de performance, même si il y a ici ou là des manques dans quelques petites niches technologiques. Enfin, il sera proposé une alliance stratégique entre les deux, entités nouvellement créées, dit elle.

Après cette intervention, les membres du SEC ont pu assister à une scène récréative lorsque un syndicat français a offert, en gage d’équipe unie (!), un ballon de rugby aux nouveaux dirigeants d’Atos, probablement pour éviter de rentrer dans la future mêlée qui s’annonce et qui sait, peut-être obtenir les bonnes grâces futures de ces mêmes dirigeants. Le CEO a-t-il empoché le ballon avec ses 1.8 millions d’indemnité ? Trêve de badinage, revenons aux débats… On nous fait miroiter qui sera chez Evidian et qui chez Atos, rien de plus que ce qui est répété dans les « calls » officiels.

La CGT est perplexe face à ce plan qui reste vague dans ses effets réels. Nous avons bien compris que les choix des administrateurs et des personnes maintenant en charge de cette séparation sont de préserver les profits et de favoriser les actionnaires. Mais nous tenons à rappeler que le plus important sont les 44000 travailleurs d’Atos en Europe que nous représentons et dont il n’a pas été question. Nos objectifs en tant qu’organisation syndicale sont de préserver les emplois existants et de nous assurer que les employés bénéficient de leurs droits que nous souhaitons défendre et étendre. A ce titre nous sommes inquiets des messages reçus visant à vouloir geler les négociations en cours. Nous ne voulons pas avoir un résultat à la Worldline qui a bénéficié d’avantages (participation, salaires, congés, …) dont Atos n’a pas bénéficié. A propos des emplois nous rappelons au management qu’une grève a eu lieu en France sur un périmètre de 250 personnes et qu’elle a permis de faire reculer un projet d’externalisation, nous rappelons aussi la mobilisation pour la réévaluation des salaires. En résumé nos questions à la direction du groupe sont : comment prenez vous en compte la demande de préservation des emplois et des droits dans votre projet ?

Remerciant une prise de parole directe, le responsable du personnel du groupe se donne une heure pour enfin répondre: pour l’année à venir les négociations sont de responsabilité locale et elles peuvent continuer normalement. Puis les deux compagnies vivront leur vie sociale propre. Mais tous les bénéfices et conditions de travail obtenus avant la séparation seront transportés vers les nouvelles compagnies de manière identique. Et sur les emplois ? « Je suis d’accord pour qu’on protège le plus de jobs possible. Pourtant il y aura un plan de restructuration et en toute honnêteté je ne peux pas dire qu’il n’y aura pas d’impact. Lorsqu’il y en aura on vous présentera dans le détail ce que cela implique, pays par pays ». L’offshorisation fait partie des options envisagées, ainsi que le « renversement » de la pyramide des âges, les représentants réunis s’inquiètent chacun du devenir d’Atos dans leur pays d’origine. Un plan de départ volontaire est évoqué en soulignant la « bonne idée de laisser le choix à ceux qui le souhaitent »…

Concernant UCC, la direction affirme :

« ce sera une super opportunité pour les employés si ils sont vendus » !

No comment… Restons sur nos gardes !

Un délégué suédois dit « je serai un ambassadeur de votre projet » et un allemand qu’il est optimiste suite à cette présentation. L’accompagnement docile plutôt que le combat pour l’emploi !