Ils nous ont vanté les vertus de la scission, ils reviennent en saison 2 pour nous chanter les mérites inverses de l’union. De ces bouffons du Conseil d’Administration qui se disent stratèges et de ces autres bouffons conseilleurs, cabinets payés à prix d’or mais jamais comptables d’aucun échec, on espèrerait, au moins une fois, un « désolé on s’est trompés », tellement ils se trompent tout le temps et sur tous les sujets ! Mais n’y comptez pas, il paraît que ce ne sont pas eux qui se trompent, mais les circonstances qui changent.

Et puis, finalement, peut-être ont-ils bien travaillé, dites vous simplement qu’ils ne travaillent pas pour vous ni pour l’entreprise, mais pour les intérêts de fonds spéculatifs à la cupidité sans limite. Vous trouvez qu’on exagère ? Attendez de voir la suite…

Actualité du groupe

La direction annonce, triomphalement, que le « plan de sauvegarde » vient d’être validé par le Tribunal de Commerce. Elle a de quoi se féliciter : enfin un projet de restructuration qui ira jusqu’au bout, c’est une première ! Reste à savoir de qui et de quoi cette restructuration financière permet la sauvegarde… Des créanciers sans doute, des salariés c’est moins sûr. Et ne croyez pas que les intérêts des premiers rejoignent ceux des seconds, ce serait même plutôt l’inverse. Il suffit, pour s’en convaincre, d’entendre la présentation du « pack sécurité » (voir page suivante) exigé par les banques en contrepartie du sauvetage. Bref, les fonds d’investissement décident déjà de tout, puisque ce sont eux, maintenant, nos actionnaires, dit la direction qui nous reproche de les qualifier de « fonds vautours ». Qu’importe, elle convient avec nous que, de toute façon, ce ne sont pas des philanthropes. Et aussi que le pilotage par les actionnaires est rarement dans l’intérêt à long terme des entreprises.

Un nouveau chef est annoncé. Pour le moment il procède à l’état des lieux. Les décisions stratégiques seront annoncées début 2025… et comme on ne change pas les méthodes qui foirent, il y aura encore des changements d’organisation (aïe aïe aïe …).

De ces nouvelles orientations, on ne sait rien pour le moment, sauf que l’on va vers une réunification du groupe. Attendons nous donc à voir les mêmes belles figures – ou d’autres – nous expliquer avec assurance le contraire de ce qu’elles nous disaient précédemment. La CGT tient à leur disposition les analyses qu’elle délivre depuis plus d’un an pour dénoncer l’imbécilité de feu-le-plan-de-scission.

Le plan de réduction des effectifs de Tech Foundation reste d’actualité, 200 personnes par an, par non-remplacement des partants. Et côté ex-Eviden, la pilule risque d’être plus amère au vu des résultats. Pour le reste du monde, pas de commentaire sur l’importance des suppressions de postes à venir. Comme dit la chanson, à la fin ça s’arrangera et si ça s’arrange pas c’est que c’est pas fini...

Ceinture et bretelles

Pour les fonds spéculatifs qui président désormais à l’avenir d’Atos réunifié, c’est ceinture et bretelles de rigueur. Il paraît qu’ils nous ont sauvés, mais ils n’ont pas trop l’air d’y croire…

La générosité a des limites, et les leurs sont très claires : s’ils prêtent, il faut que ça rapporte des intérêts, beaucoup, vite et bien. Sinon, ils prennent la baraque et la liquident par appartement. Ca s’appelle pudiquement le « pack sécurité » et c’est le revers de la médaille de la restructuration financière. Pour rappel, celle-ci prévoit un emprunt au prix fort pour rembourser des dettes qui ne peuvent pas être reportées à plus tard. En gros, payer cher tout de suite en attendant de payer le reste plus tard et en espérant un miracle pour se remplumer entre temps. Ne faites pas ça chez vous ! Vous pouvez toujours essayer de le proposer à votre banquier pour voir…

Ce que veulent ces philanthropes qui nous sauvent, c’est de pouvoir se payer sur la bête  au prochain faux-pas et avant tout le monde. Les juridictions nationales sont des épouvantails pour ces spéculateurs sans frontières. Alors le pack sécurité prévoit de tout rattacher à une holding financière aux Pays-Bas, un pays merveilleux pour les affaires, où la juridiction commerciale tient toute entière sur une feuille de PQ simple épaisseur. Et où elle leur garantit de se servir en premier et sans tracas administratifs, si jamais le sauvetage miraculeux prenait l’eau. Les juridictions nationales et les autres créanciers, pays par pays, passeront après et pourront ensuite se partager des clopinettes s’il en reste.

N’y a-t-il pas là un parfum d’optimisation fiscale ? Pas du tout, explique cash l’avocate décomplexée en charge du dossier : l’organisation fiscale, chez Atos, est déjà réglée comme une horloge ! D’ailleurs, explique-t-elle encore, Atos a refusé la demande initiale des banques de création d’une holding au Luxembourg, parce que cela aurait fichu par terre notre belle optimisation fiscale qu’on a déjà… Le propos de la dame est caricatural mais sans mauvaise foi et déconcertant de franchise : tout cela est normal dans son univers parallèle. Il n’empêche, pas sûr qu’elle nous dise tout des intentions et des finalités de cette affaire.

Quant aux intérêts souverains de la Nation, dont la CGT essaie de faire entendre l’importance depuis des mois, les voici soudainement reconnus. Par leurs pires détracteurs, certes, mais reconnus tout de même ! Comprenez-bien : quand on ne veut pas s’embarrasser avec le droit commercial d’un pays, ce n’est pas pour se faire emmerder par son Ministère des Armées. Donc, avant toute chose, première précaution, on sort Bull et sa sphère d’activités souveraines du « pack sécurité ». La CGT en profite pour enfoncer le clou : les activités souveraines chez Atos, ce sont aussi des équipes qui travaillent pour tous les services publics de la Nation : santé, énergie, transports… Perplexité de l’avocate pour qui les services publics doivent être un truc disparu au Mésozoïque en même temps que les dinosaures.

Les élus expriment leurs inquiétudes pour le sort des salariés qui pourraient être abandonnés au naufrage d’un groupe dépouillé des tous ses avoirs par des créanciers ayant exercé prioritairement les garanties de leur « pack sécurité ». La direction répond benoîtement que de toute façon, ce sont déjà eux qui décident…