Une fois encore ce gouvernement s’en prend aux plus fragiles en décrétant que le plein-emploi passe par la réforme de l’assurance chômage. Les difficultés actuelles de recrutement dans plusieurs secteurs – les transports, l’hôtellerie-restauration et le médico-social – ont bon dos. Son projet de loi a été adopté malgré l’opposition de tous les syndicats. Elle s’appliquera à partir de février 2023, sauf pour les intermittents du spectacle, les dockers, les contrats de professionnalisation et les Outre-mer, par peur d‘un embrasement social. Aucune exception pour les seniors et les apprentis, ceux qui retrouvent le moins facilement un emploi.

Le premier article de la loi autorise le gouvernement à modifier par décret les règles d’indemnisation selon la situation du marché du travail. Elles seront « plus strictes quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuses quand le chômage est élevé ». Concrètement, au-delà des six premiers mois d’indemnisation, si le taux de chômage passe au « vert », c’est-à-dire sous la barre des 9% (dans la période de récession actuelle, il oscille entre 7,2 et 7,3% et même pendant la crise du Covid il n’était pas monté à 9%) la durée des allocations chômage sera réduite de 25%. Cette mesure entrera en vigueur dès février 2023.

Plus fort encore, le gouvernement a annoncé juste avant Noël (joli cadeau !) une réduction de 40% des allocations si le taux de chômage descend en dessous de 6%, avant de rétropédaler devant la bronca syndicale. Mais ne nous y trompons pas, cette réduction de 40% reviendra un jour ou l’autre, pour l’instant la manœuvre grossière consiste à faire croire que des concessions sont faites en cette période sociale inflammable.

Autre mesure adoptée : « l’abandon de poste » est assimilé à une démission et ne donne pas droit aux indemnités chômage, contrairement à une rupture conventionnelle. Rappelons-le, l’abandon de poste est parfois le dernier recours d’un salarié pour qui la situation au sein de l’entreprise est intenable et que la rupture conventionnelle lui est refusée, ou que le harcèlement est difficile à prouver.

Cette usine à gaz sert à masquer le recul des droits des chômeurs : seuls 40% d’entre eux sont indemnisés aujourd’hui, les indemnités chômage ne sont donc pas un frein à la reprise d’un travail.