Les errances de gouvernance d’Atos
Ces 2 dernières années Atos a réalisé deux réorganisations importantes :
· Le projet Spring mondial aurait permis une soi-disante efficace réorganisation opérationnelle,
· Le projet Matisse national, une réorganisation juridique, qui a provoqué entre autres la disparition d’Atos Infogérance.
La transition de notre société a démarré avec comme cible la transformation des activités françaises vers le moule international : la direction proclame que notre activité doit se recentrer sur des métiers à forte marge ; le cloud, le big data, la cybersécurité, et la décarbonation.
Notre société a-t-elle fait en sorte d’accompagner les salariés vers ces nouveaux métiers ? La réponse est Non !
· Les salariés n’ont pas été, ou peu, formés pour pouvoir prétendre à se reconvertir et recouvrer une meilleure employabilité ; depuis 4 ans le plan de formation est réalisé à 49% du prévisionnel.
· La politique d’Atos reste la croissance externe (21 sociétés achetées en 2 ans !), solution plus aisée, moins coûteuse, et plus médiatique que la croissance interne.
Tailler sans cesse dans les effectifs de support et de production
La suite logique de cette réorganisation s’est vue violente pour les salariés en 2021 :
· Les métiers du support : Finance, RH…, se sont vus déstabilisés en réduction d’effectifs,
· Les équipes Finance sont offshorisées en Pologne et en Inde, avec plus de travail, moins de personnel,
· Les équipes RH ne sont pas mieux loties, activité pour partie confiée en Bulgarie. La volonté affichée de la direction est dixit : d’arrêter de s’occuper de la « BOBOLOGIE » des salariés,
· Des assistantes RH se sont vues proposées un VIE, volontariat international en entreprise, l’autre solution proposée : la porte,
· Un pôle RH mutualisé répond mécaniquement à distance aux demandes des salariés sans les connaître, ni les contacter, et l’outil PISA n’est qu’un robot de communication entre les salariés et les RH.
Toujours d’après les assertions de notre haute direction, des métiers sont en disparition : Atos a pour objectif de « trouver des partenariats » pour se séparer de 20% de ses activités.
· Le projet Aral en octobre 2021, est le premier exemple concret de « partenariat » qui est un plan social déguisé contre nos collègues, projet reporté grâce à la grève et la forte mobilisation des salariés.
· Il est proposé aux salariés de l’entité Spring DCH Bridge, 212 salariés, de signer un contrat de travail dans une autre entreprise : le partenaire, pour pouvoir continuer à travailler dans le même métier, après en moyenne 20 ans d’ancienneté, avec un grand investissement dans des horaires atypiques nuits et jours fériés, c’est la récompense qu’offre Atos à ses salariés…
· Les autres employés de cette entité DCH, voient leur métier partir en Pologne, encore de l’offshorisation…
Quel est l’avenir pour les salariés Atos France ?
Un rapport d’expertise en 2020 démontrait que certaines technologies étaient considérées comme « insuffisamment » profitables et qu’il fallait s’en séparait :
· L’Infrastructure, ce point est confirmé par le projet ARAL…
· L’entité AMS, est aussi annoncée comme activité « sensible », en fait tous les métiers du legacy…
· Le nouveau directeur général annonce la volonté d’une accélération de cette transformation…
· La chute vertigineuse en bourse, est aussi un prétexte évident pour trancher en vue de retrouver des marges comparables à nos concurrents, qui eux font de la croissance interne !
Ce même rapport dévoile trois grands principes de transformation prioritaires qui sont :
l’offshorisation, l’automatisation (ou digital), la juniorisation.
Ces trois principes ont pour objectif de diminuer les coûts de fonctionnement et de réaliser des réductions d’effectifs, et constituent une réelle menace pour l’emploi des salariés français.
Qui va payer ? : le salarié !
Devant ce constat négatif sur l’avenir de notre société, il est vraisemblable que nombre de salariés seront menacés ; les non-stratégiques, les trop vieux, les trop obsolètes, les trop chers…
Des provisions financières sont déjà constituées pour des incitations de départ. La démarche de la direction est maintenant structurée, la mise en œuvre sera méthodique et progressive, demain nous serons directement concernés.
Pour nous salariés, le seul levier possible est la solidarité de tous, le refus de l’injustice, et le combat pour défendre nos emplois. Il faut nous mobiliser dès à présent car il sera trop tard lorsque nous serons personnellement impactés. La CGT a été et sera toujours de ces combats-là.