Le cabinet d’expertise mandaté par les élus du CSE a présenté devant la direction son rapport annuel sur les « orientations stratégiques » et la « situation financière et économique ».
Actualité oblige, la présentation commence par le bilan de l’augmentation de capital effectuée par Atos dans le cadre de son plan de restructuration de la dette. Cela n’a pas été la manne annoncée, il s’en faut de beaucoup : seulement 68 M€ sur les 233 M€ espérés. Les investisseurs disposés à se faire entuber une deuxième fois ne se bousculent pas au portillon.
De fait, la situation financière, quoi qu’en disent les communiqués de presse et les communicants du groupe, est alarmante. On rappelle pour mémoire la dernière opération de cavalerie : 800 M€ empruntés en urgence pour éviter de justesse le dépôt de bilan, et ce à un taux prohibitif. En synthèse : les échéances de remboursement sont repoussées à après-demain et la dette reste toujours élevée.
L’expert confirme par ailleurs que la création de holdings aux Pays Bas dans le cadre du « pack sécurité » des créanciers, à la demande …des créanciers, est un outil visant à contourner la protection des salariés en cas de difficultés ultérieures si le business plan prévu n’était pas réalisé.
Et ça ne commence pas fort : en 2024, les chiffres du bilan ne sont pas de bonne augure pour la réalisation de ce business plan. Les prises de commandes sont en net recul car la situation compliquée d’Atos pénalise la performance commerciale. Le groupe a affiché des résultats en décroissance et les objectifs pour l’année ne pourront pas être atteints. La perte de chiffre d’affaires du groupe s’accentue. Tech Foundations souffre de la contraction des volumes d’affaires, de réductions de périmètres contractuels et de fins ou résiliations de contrats. Eviden subit un ralentissement général du marché dans les régions Amériques et Europe Centrale et des réductions de périmètres sur certains contrats (Etats-Unis notamment). Les prévisions affichées paraissent difficilement atteignables.
Une bonne nouvelle néanmoins : La marge projet de Tech Foundations France s’est redressée à 19,3% au cours du premier semestre 2024. Cette nette amélioration est notamment observable sur HCI. TS reste la ligne la plus contributive en matière de marges, notamment grâce aux revalorisations tarifaires appliquées au premier semestre 2024.
La trajectoire financière a été réajustée à la baisse pour 2024 et 2025. Pourtant, les objectifs paraissent encore déraisonnablement ambitieux. Sont-ils seulement réalistes ? La marge devra être multipliée presque par 4 à l’horizon 2027. Mais comment ? Sans grande imagination, les stratèges de la direction tablent, encore et toujours, sur un Nième plan de transformation et – encore et toujours – sur des actions de restructuration, entre autres des réductions d’effectifs qui en 2024 et 2025 devraient coûter quelques 600 M€… Par ailleurs, le business plan ne tient pas compte des cessions d’actifs survenues, il est donc à la fois très optimiste, et caduc à ce jour.