Que le décollage des nouveaux groupes Atos & Eviden est difficile entre turbulences, vents contraires et manque de poussées moteurs !!! L’avion Atos qui se voulait gros porteur international se retrouve coupé en 2 par la scission – pardon la cession voire le saucissonnage – avec un centrage instable entre ambitions mondiales et moyens chiches. Pour la conduite du vol, vous en savez autant que vos représentants du personnel : il suffit de lire la presse ! Une cacophonie incompréhensible, des acheteurs-douteurs-délaisseurs-bradeurs à foison, dans une confusion permanente depuis près de 2 ans… Ce pourrait être un cas risible d’école de commerce si il n’y avait pas un tel danger pour les salariés !

Soyons factuels, que connaissons-nous de précis et de confirmé ? Entre autres, le document obligatoire d’enregistrement universel 2022 d’Atos nous éclaire et permet une synthèse argumentée. Pour le « en-cours 2023 », personne ne sait, et si quelqu’un vous dit sérieusement « je vous explique ce qui se passe chez Atos », c’est qu’il n’a rien compris ! Voici les informations connues et les analyses qui en dépendent :

  • La situation financière critique met en danger l’ensemble du groupe qui a beaucoup emprunté, aggravant son endettement avec des résultats de -4 Mds € en 2021.
  • La promesse de scission et l’opération boursière sur Eviden ont fait long feu, l’opération étant décalée de juin à décembre 2023 puis ajournée pour vendre Tech Foundations au fonds EPEI…
  • Les résultats de CA et marge entre 2021 et 2022 s’améliorent (vraiment ?) tout en restant négatifs !

La perte en 2022 n’est « que » de -1 Mds € qui s’ajoute à l’existant. Atos fait +5% de CA en 2022 alors que nos concurrents font le double voire le triple ! Le taux de marge opérationnel, inférieur à 4% est toujours trop bas et impacte directement le projet de valorisation boursière d’Eviden.

  • Le redressement de NewAtos (Tech Foundations) est plus rapide que ne le prévoyait le plan jusqu’en 2026, cependant les résultats d’Eviden ne sont pas à la hauteur du prévisionnel. D’où les grandes inconnues de croissance, résultats et dettes pour la future « pépite » sur laquelle repose toute la scission et qui doit rembourser la dette totale du groupe Atos.
  • Les prises de commandes diminuent en 2022 avec une variation par trimestre entre 80 et 110% versus les attendus.
  • Pour le groupe, 2/3 des embauches se font dans l’off-shore et le taux de démissions continue de croitre à près de 22% en 2022.
  • Les énormes coûts de restructuration se cumulent en 2023 et plombent toujours plus la trésorerie.
  • Il y a toujours l’écart entre la prétention d’être leaders sur plusieurs marchés et le peu de moyens associés : les budgets R&D sont à 2% du CA, 2 fois moins qu’en 2018…
  • Le jeu de bonneteau financier complexe et risqué continue: des cessions en cours et à venir pour donner des gages aux banques, des impératifs vitaux de remboursements, et des aléas de marchés !
  • Et comme d’habitude, pour pallier les décisions ineptes, l’ordre impérieux pour les entités de générer du cash pour rembourser la dette du groupe, quitte à vendre des parties encore et encore…

Le reste des explications stratégiques et économiques avancées par la direction n’est que tromperie !

La CGT axe toujours ses combats sur la défense de l’emploi et les conditions de travail. Dans ce domaine, les effets probables de la scission-cession n’augurent rien de positif pour les salariés :

  • Des non-sens d’organisation sur les activités, cloud et datacenters en particulier…
  • Des surcharges de travail qui n’apportent rien et qui éloignent des priorités…
  • D’énormes dépenses inutiles pour scinder réseaux, locaux, outils et employés !
  • Et toujours, les 2 diktats de la direction : produire toujours plus avec moins, et pas ou peu de valorisation salariale…

Comme dit le GPTW Atos : « une entreprise où il fait bon vivre… »