Depuis de nombreuses années, Atos a multiplié les erreurs stratégiques : les nombreuses acquisitions n’ont pas été intégrées correctement augmentant la fuite des compétences déjà constatée au sein de l’entreprise. Les réorganisations incessantes et leurs abandons dans des temps records nous ont mené dans le mur : l’héritage Breton pèse lourd. Au point que l’actionnaire Siemens a décidé fin 2022 de passer sous la barre des 5 % du capital. Un plan de nos dirigeants pour sauver Atos et impulser une vraie stratégie industrielle ? Lançons un projet de scission 100% financier et totalement décorrélé de l’opérationnel !
Aberrant mais pas surprenant lorsqu’on sait que de nombreux membres du conseil d’administration ont un profil purement financier : le président est passé successivement ces dernières années par la Financière le Play, M&M Capital, PAI Partners, et CVC Capital Partners. René Proglio, banquier d’affaires ex-dirigeant de Morgan Stanley à Paris fait partie des administrateurs. Les banques d’affaires Perella Weinberg Partners et Rothschild & Co, telles des prédateurs aux aguets, ont proposé leurs services au CA. La banque Rothschild a travaillé avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky sur une offre de rachat de Tech Foundations. Le banquier d’affaires David Azéma chez Perella, ancien de Bercy et ancien patron de l’Agence des Participations de l’État, ayant déjà sévi dans les dossiers Alstom et Veolia, a construit la solution avec Airbus soutenue par l’État mais avortée depuis. Certains clients publics, dont le ministère des armées reprochent en parallèle au Conseil d’Administration d’avoir confié une mission à McKinsey en 2022, lui permettant d’accéder aux données sensibles de contrat avec le Commissariat à l’Energie Atomique, par exemple. Rappelons que McKinsey fait l’objet d’une enquête préliminaire et de deux informations judiciaires sur ses pratiques et ses relations avec l’Elysée. En Allemagne et aux Etats-Unis, le cabinet est accusé de conflits d’intérêts après avoir joué un double jeu en conseillant à la fois les ministères de la défense et des entreprises d’armement ou de fourniture d’énergie proches du Kremlin.
Aujourd’hui le projet de découpage que nous avons dénoncé dès le départ comme déconnecté des activités de l’entreprise et hasardeux semble bien mal en point. Les difficultés de valorisation de la « pépite » Eviden auprès des investisseurs plombe les espoirs de financement et de restructuration des activités Tech Foundations. Les banques d’Atos, après avoir prêté 2 milliards pour tenter de restructurer le groupe, ne sont pas favorables à cette scission et les résultats 2022 chamboulent tout : la marge opérationnelle d’Eviden à 5% au lieu des 10 prévus et l’amélioration des résultats de Tech Foundations font planer de gros doutes
De plus, le projet de scission implique des problèmes opérationnels et industriels. Les technologies d’Eviden sont utilisées par les activités de Tech Foundations : d’un côté les compétences, métiers et ressources du cloud, de l’autre les clients à travers les contrats d’infrastructures. Séparer les deux entités est un non sens industriel et implique une perte de valeur inéluctable.
Encore une belle stratégie et une vision d’avenir pertinente ! Les mêmes décideurs continuent à prendre les mêmes décisions erronées. Et ils jouent avec nos emplois !