Voici venir le « brown-out », ou en bon français, le désinvestissement lié à la perte de sens au travail. Ce phénomène était déjà présent pour des métiers dont on peine à trouver une vraie utilité sociale, eu égard à l’organisation du travail qui les vide de leur substance (fonctions supports, informatique, ressources humaines,… ).
Cette perte de motivation s’est particulièrement accrue avec la pandémie. Des sondages réalisés par des cabinets de conseil estiment que plus de 60% des personnes ne se sentent pas utiles dans leur travail, alors que cette motivation leur est indispensable.
La déliquescence du collectif de travail et les questionnements sur l’impact social et environnemental de leur métier ne rassurent pas les salariés, Le retour dans les locaux de l’entreprise après deux ans de télétravail plus ou moins intensif est difficile à vivre pour certains.
Ainsi l’absentéisme a progressé de 20% entre 2019 et 2020, les démissions d’au moins 10% (turn-over de 25% pour le groupe en 2021 !) et d’autres font du présentéisme.
On est donc loin des annonces de Syntec, dans son livret à usage électoral, affirmant selon une enquête OpinionWay de 2020 que les salariés de la « tech » s’épanouissent pleinement dans leur travail ! Une nouvelle étude menée par la plateforme Yerbo portant sur 36.200 salariés de notre activité dans 33 pays corrobore l’ampleur des dégâts.
On y apprend ainsi que :
- deux employés sur cinq souhaitent démissionner en raison d’un stress excessif, d’épuisement et d’un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée
- 42% des travailleurs de l’informatique envisagent de quitter leurs entreprises dans les six mois
- 62% de ces derniers déclarent être physiquement et émotionnellement épuisés.
Selon ce rapport :
la pression du travail contre la montre pour alimenter la frénésie technologique mondiale oblige souvent les employés à travailler tard, ce qui laisse peu de temps pour la vie personnelle et crée des conflits entre le travail et la vie privée
56% de ces travailleurs déclarent être incapables de se détendre une fois la journée de travail terminée, 43% sont moins engagés dans leur travail et enfin 27% ne voient pas la valeur ou le but de ce qu’ils font.
Les femmes courent un risque encore plus grand d’épuisement professionnel :
- 46% présentaient un risque élevé de burnout contre 38,2% pour les hommes.
- 69% des femmes se sentent épuisées et vidées de leur énergie physique et émotionnelle à la fin de la journée de travail contre 56% des hommes.
La discrimination qui oblige les femmes à travailler plus pour réussir est bien sûr un facteur aggravant
Les salariés concernés ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive, mais par contre ressentent bien la souffrance au travail : perte de motivation, anxiété, irritabilité,…