La demande de dizaines de milliers d’hommes et de femmes, aujourd’hui étrangers sans titre de séjour, de travailler en toute légalité est complètement légitime. De fait, nous ne pouvons que soutenir leurs revendications d’être régularisés, la CGT se bat et se battra à leurs côtés.

Lors des débats parlementaires de la fin d’année 2023, nous avons assisté à une surenchère hostile aux immigrés venant du Rassemblement National, mais aussi de la droite dite traditionnelle et de la majorité macroniste. Restriction du droit d’asile, menaces sur le droit de vivre en famille, criminalisation du séjour irrégulier, quotas migratoires, la liste est longue. Le Conseil Constitutionnel a invalidé certains points constituant des droits inégaux (allocations familiales notamment) selon que l’on est français ou étranger, mais il les a invalidés sur des questions de forme et pas de fond. Le risque est grand que ces articles censurés (dits « cavaliers législatifs ») reviennent dans de prochains projets de loi.

Au départ, le Ministre de l’Intérieur avait prévu un article, l’article 3 sur la régularisation d’étrangers sans papiers sur le critère du travail, pourtant bien restreint aux « métiers en tension ». Qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose de concret, si ce n’est le fait que la décision de régulariser est renvoyée au pouvoir arbitraire des préfets. Ainsi, ces parlementaires laissent cette population dans une absence de statut social et à la merci de patrons-voyous (y compris de grosses entreprises comme celles qui œuvrent sur les chantiers des JO de Paris) et de marchands de sommeil.

Ces députés et sénateurs, par opportunisme politique, méprisent la « valeur travail » dont ils se réclament. On se souvient des propos récents du nouveau Premier Ministre : « la grève est un droit, le travail est un devoir ». Mais alors, pourquoi refuser le droit au travail à celles et ceux qui réclament un statut pour exercer légalement une profession ?

Pour la CGT, l’ordre public est en premier lieu l’ordre public social. Ce n’est certainement pas en organisant la précarité généralisée que le gouvernement défend l’intérêt général. La régularisation de ces personnes permettrait aussi de les faire entrer dans le cadre normal du travail et de la cotisation aux branches de la Sécurité sociale.

Pour le dire crûment, quand les droits des personnes étrangères sont attaqués, cela s’accompagne aussi d’attaques contre l’ensemble du monde du travail. Nous en voulons pour preuve les annonces de Gabriel Attal lors de son discours de politique générale, annonçant par exemple « l’acte II de la réforme du marché du travail » comprenant une réforme de plus de l’assurance-chômage (au détriment des personnes privées d’emploi) ou encore la modification de la loi SRU (loi Solidarité et renouvellement urbain, datant de l’an 2000) qui faisait obligation aux communes de mettre à disposition au moins 25% de logements sociaux.

En résumé, le gouvernement continue de s’attaquer aux plus pauvres, qu’ils soient français ou immigrés. Pire, par la précarité que cela occasionne, cela ne peut que mettre en concurrence les couches défavorisées de la société et attiser les réflexes de peur et de xénophobie, ce que Freud appelait « le narcissisme des petites différences » et que l’extrême-droite sait si bien exploiter.

Résolument, nous devons œuvrer à l’unité du salariat, de quelque origine soit-il, pour résister aux mauvais coups du gouvernement, du patronat et des politiciens pousse-au-crime.